Simon, violoniste célèbre, rongé par le trac, est tombé dans l’alcoolisme depuis quelques années déjà. Méprisé et isolé, il continue à se réfugier dans son addiction, malgré l’amour inconditionnel de Laura, sa compagne fidèle. Un jour, il rencontre Pierre, ex alcoolique tiré d’affaire, qui l’incite à rejoindre un groupe de thérapie. Il le soutient à chaque étape de son combat, créant une incompréhension chez Laura, jalouse et impuissante face à cette aide qu’elle ne sait pas lui apporter…
Avec cette toute première oeuvre, l’ancien assistant réalisateur Régis Wargnier tente sa chance derrière la caméra et a choisi un genre peu reconnu en France: le mélodrame. En toile de fond de son histoire, le douloureux sujet de l’alcoolisme vient bien sûr frapper notre esprit avec son anti héros, dépendant et ravagé par les litres de boissons ingurgitées en cachette « pour tenir le coup », cet artiste passionné de musique ne parvenant pas à gérer son stress et la pression provoquée par ses prestations scéniques. Wargnier impose d’emblée son goût marqué pour les sentiments exacerbés, le romanesque poussé à son maximum (qu’il hissera encore plus haut avec Indochine) et ne craint pas d’en faire trop avec des effets appuyés, des dialogues souvent à la limite de l’emphase, faisant de l’amour fou le deuxième vrai sujet de son film. Car en dehors de l’alcool, il s’agit surtout de décrire une relation amoureuse dévorante aux allures de dépendance affective, finalement toxique. Si l’on croit trouver dans l’intrigue de quelconques clefs pour « comprendre » l’alcoolisme et ses ravages sur l’entourage, on risque d’être déçu, car La Femme de ma vie survole le propos, comparé à une oeuvre forte comme l’était Le Poison, où là le personnage n’avait rien d’autre que sa bouteille pour exprimer son « existence ».
Non exempt de lourdeurs et de facilités dans l’écriture, le script laisse un peu sur sa soif, même si la relation nouée entre les deux hommes (unis par leur problème commun de se sortir de l’enfer) reste une des plus belles qualités à retenir. Qu’en est il de l’interprétation? Christophe Malavoy, le beau brun ténébreux acteur en vogue à l’époque, tient son rôle à peu près correctement (avec un manque de nuances par moments), Jane Birkin que l’on se régale à retrouver ici en femme amoureuse émeut sans en faire des tonnes, et enfin Jean Louis Trintignant, tout à fait dans les clous, campe le « sauveur » providentiel. Parmi les seconds rôles, Dominique Blanc, Florent Pagny, et la petite Elsa Lunghini, chanteuse de variétés qui fera un tube de la chanson « T’en vas pas. Le César de la Meilleure première oeuvre semble aujourd’hui avec le recul un brin exagéré pour ce film somme toute juste honorable.
ANNEE DE PRODUCTION 1986.