Ethel, apprentie actrice, galère et gagne sa vie en posant nue pour des photographes, aux intentions douteuses. Un jour, au cours d’un casting, elle rencontre Kissling, un metteur en scène fantasque qui veut réaliser une version moderne des Possédés de Dostoeivski. Ils deviennent amants et lui décide d’en faire sa muse, malgré les talents plutôt piteux de la jeune femme.
Andrzej Zulawski, metteur en scène polonais, surtout connu pour deux films aux succès considérables L’important c’est d’aimer et Possession , signe cette oeuvre sur un artiste en pleine création, possédé par son art , sa fièvre de filmer et son envie de faire de cette prétendue comédienne débutante son héroine. Presque un autoportrait en somme. Dans un univers expressionniste et oppressant, quasiment hostile, on retrouve les thèmes obsessionnels de son cinéma: la passion charnelle, la violence des sentiments, la manipulation entre des êtres déchirés et perturbés. Cela donne lieu à des séquences très belles, mais parfois aussi à des égarements frôlant l’hystérie. Les danses lascives qu’effectuent le personnage d’Ethel , nue et offerte, ont un pouvoir d’attraction sur l’oeil du spectateur, mettant en avant son voyeurisme et quelque part, son sadisme. Ce qui est touchant, c’est la profonde vérité de cette fille, persuadée de pouvoir jouer la comédie, et sombrant dans une histoire destructrice avec un créateur despotique, se rêvant Pygmalion.
Niveau comédiens, Zulawski dirige Francis Huster, qui surjoue un peu son rôle (déja outrancier sur le papier), le tout jeune Lambert Wilson créant une composition intense, et surtout la révélation du film s’appelle Valérie Kaprisky, au corps parfait (il valait mieux puisqu’elle passe les 3/4 du temps à poil !) et qui fait preuve d’un jeu au naturel prometteur. Hélas, après quelques années seulement, sa carrière se vautrera et elle tombera dans un oubli un peu injuste. Quelque part entre la Juliette Binoche de Rendez Vous et la Sophie Marceau de l’Amour Braque , elle prend les traits d’une actrice en devenir, qu’elle est elle même dans la vie. En ce sens, on a presque affaire à une mise en abîme du métier de comédienne. Pour cette raison, La femme publique tient encore la route et demeure un des longs métrages les plus accessibles d’un cinéaste, qui ne fera que s’égarer par la suite.
ANNEE DE PRODUCTION 1984