Michel est incarcéré et condamné à 18 ans de réclusion pour des braquages avec violence. Sa femme, Brigitte, enceinte de lui, est elle aussi emprisonnée pour complicité. Quelques mois plus tard, elle est libérée, élève sa fille seule, et n’a qu’une idée en tête: faire évader son mari de prison. Pour cela, elle commence à prendre des cours de pilotage d’hélicoptère…
Originaire du Liban, le réalisateur Maroun Bagdadi s’est fait connaitre en 1991 avec son film choc Hors la Vie,relatant l’enlèvement d’un photographe français dans un Beyrouth déchiré par la guerre. Pour La Fille de l’Air, il s’inspire d’un fait divers survenu en Mai 1986, lorsque Nadine Vaujour fit évader son mari de la prison de la Santé aux commandes d’un hélicoptère! Une évasion impressionnante relayée dans tous les médias de l’époque. Bagdadi change les noms, modifie les situations et sa fiction prend des allures de policier puisqu’il raconte les événements ayant mené le personnage masculin derrière les barreaux, pour l’essentiel des braquages à main armée. Pourtant, très vite, le véritable moteur du film est le portrait de femme battante, obstinée, déployant toute son énergie pour organiser la cavale de son homme. L’énergie du désespoir ou de l’amour fou plutôt. La réalisation opte pour un rythme soutenu, alimentant une tension nerveuse et un suspense haletant. Le film ne fait pas l’impasse sur la dureté de la prison également, décrivant des conditions de détention particulièrement difficiles, renvoyant directement au sort du héros de Hors la Vie, privé de toute liberté. Par moments, le scénario semble avoir le cul entre deux chaises, entre le destin tout tracé de Michel et le combat hors des murs de Brigitte, « simple » mère de famille, embarquée dans une spirale infernale.
Entourée d’un casting de poids avec des seconds rôles chevronnés ( Thierry Fortineau, Liliane Rovère, Jean Paul Roussillon, Hippolyte Girardot, Jean Claude Dreyfuss ou Catherine Jacob), la vraie star c’est bel et bien Béatrice Dalle, presque à contre emploi ici, dans un de ses rôles les plus forts. Elle s’avère étonnante dans la peau de cette femme hors du commun, capable de piloter un hélicoptère pour sauver l’homme de sa vie et parvient à tirer de ce drame humain une force particulière. Hélas, cet opus fut le dernier de Maroun Bagdadi, mort prématurément l’année suivante. La Fille de L’Air mérite une réhabilitation.
ANNEE DE PRODUCTION 1992.