Augustin Bouvet, peintre en bâtiment, et Stanislas Lefort, chef d’orchestre à l’Opéra de Paris, menaient une vie tranquille, jusqu’au jour où ils prennent en charge trois parachutistes anglais dont l’avion a été abattu. Devenus résistants, ils se lancent dans de folles aventures pour conduire les aviateurs en zone libre…
Sans conteste la comédie la plus célèbre et la plus réussie sur l’époque de l’Occupation allemande en France, couronnée d’un succès monstre (17 millions d’entrées) et devenue un des films les plus diffusés à la télévision. En 1966, un an après Le Corniaud, Gérard Oury et sa co scénariste et fille Danièle Thompson se lancent dans cette aventure à la fois burlesque, entrainante, constamment inventive, alignant les gags les plus drôles et les séquences cultes à la pelle (le bain turc, l’attentat à l’Opéra, la nuit à l’auberge, la fuite sur les routes de Bourgogne, etc…). La Grande Vadrouille bénéficie d’une mise en scène alerte, de dialogues anthologiques (Il n’y a pas d’hélice, hélas! c’est là qu’est l’os!), et joue avec les clichés rattachés à ces temps troublés en présentant des « héros ordinaires » (un ouvrier, un artiste) plongés dans des péripéties extraordinaires, des poursuites en voiture, à cheval, à pied, en planeur, etc… Plus raffiné qu’il n’en a l’air, le scénario allie simplicité, comique et même poésie en traitant de thèmes comme l’amitié ou la solidarité. Les nazis sont ridiculisés et leur « méchanceté » tournée en dérision par un Oury soucieux de ne pas heurter le public, seulement vingt ans après la Libération. L’union des peuples anglais et français fait grand plaisir à voir, surtout dans l’utilisation des deux langues mélangées par un De Funès au meilleur de sa forme. Dans ce divertissement populaire ET intelligent (une denrée rare de nos jours), les chassés croisés de méprises, l’esprit Feydeau et la rigolade de bon aloi fusionnent en un tout indémodable.
Oury renoue le tandem Bourvil/De Funès, sachant qu’ils sont les rois du box office, et beaucoup parce qu’ils collent pile à leurs caractères (le gentil peintre en bâtiment faussement benêt et le chef d’orchestre irascible qu’il ne faut pas trop chatouiller). Les entendre siffloter le standard « Tea For Two » et les voir se charrier sur leur endurance physique reste un régal de chaque instant. Pour les accompagner, Marie Dubois, Terry Thomas, Andréa Parisy, Claudio Brook, etc… assurent les rôles secondaires indispensables à l’intrigue. Il n’y a pas de secrets dans le triomphe qu’il rencontra après tout: un bon script, des répliques ciselées, de la drôlerie, et des interprètes irremplaçables dont on ne se lassera jamais. Banco!
ANNEE DE PRODUCTION 1966