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LA JEUNE FILLE ET LA MORT

Une République d’Amérique latine, au début des années 90. Paulina Escobar, ancienne victime torturée de la dictature militaire quinze ans plus tôt, croit reconnaitre la voix de son tortionnaire en la personne du Dr Miranda, ayant raccompagné son mari un soir de pluie, dans leur maison isolée en bord de mer. Elle parvient à le retenir contre son gré pour lui extorquer des aveux précis sur ses actes passés…

Au son du quatuor de Schubert intitulé La Jeune fille et la Mort (donnant ainsi son titre au film), l’héroïne de cette histoire revit à chaque fois les tortures et les viols répétés qu’elle a subi par la junte militaire au Chili et ses traumatismes ressurgissent puissance mille. Le hasard la remet en présence d’un de ses bourreaux, qu’elle va elle même malmener dans l’espoir d’avoir une confession détaillée, lui permettant une illusoire réparation. Le sujet de ce thriller psychologique brasse des sujets passionnants tels que la culpabilité, le poids du passé, la vengeance et s’articulent avec un certain brio grâce au texte du dramaturge Ariel Dorfman, qui en a écrit la pièce originelle. Roman Polanski s’en empare pour une mise en scène nerveuse de son cru, avec huis clos à la clef (il n’aime rien tant que de filmer dans des intérieurs confinés et le fait admirablement du reste). Jouant avec nos nerfs de façon habile, le cinéaste de Tess laisse longtemps planer le doute sur l’innocence ou non du personnage de Miranda, docteur en apparence respectable qui fut peut être jadis un bourreau. Les rapports de domination et de soumission y sont d’ailleurs soulevés (notamment dans des descriptions parfois difficiles de séances de torture) et Polanski dresse en creux un portrait féminin douloureux: cette Paulina brisée par une agression terrifiante dont elle garde les séquelles dans son être profond. Contrairement à la pièce d’ailleurs, sans doute peut on reprocher au film de se focaliser surtout sur la détermination de la femme à faire éclater la vérité au détriment des rôles masculins, laissés davantage « de côté ».

Ce parti pris s’appuie sur l’interprétation accomplie de Sigourney Weaver, blessure béante criant justice, face à Ben Kingsley, tout à fait excellent dans l’ambiguité de son personnage impénétrable. Le troisième rôle parait plus effacé (la mari est incarné par Stuart Wilson au jeu neutre), débitant ses répliques de manière peu convaincante. Avec son épilogue surprenant où les masques tombent enfin, La Jeune Fille et la Mort résout en définitive le suspense machiavélique qui perdurait pendant plus d’1H30 et se rend à l’évidence en concédant que tout être humain n’est pas forcément capable de sadisme en position de pouvoir. La seule note d’espoir dans cet océan de violence?

ANNEE DE PRODUCTION 1995.

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Sans parler d'opus majeur, un très bon Polanski, explorant la culpabilité et la vengeance d'une femme sur son ancien bourreau. Sigourney Weaver et Ben Kingsley dans un affrontement vibrant.

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