A la suite d’une imprévisible mutation moléculaire due aux expériences atomiques, les morts quittent leurs tombes et attaquent les vivants pour les dévorer. Une jeune fille, Barbara et son jeune frère, Johnny, sont agressés par un de ces morts vivants alors qu’ils viennent se recueillir sur la tombe de leur père. Johnny est tué, Barbara s’enfuit et se réfugie dans une maison abandonnée, où elle ne sera pas seule très longtemps…
Tourné avec trois fois rien dans un noir et blanc admirable, peu de temps après l’assassinat de Martin Luther King et en pleine guerre du VietNam, ce fleuron incontournable du cinéma d’horreur fut imaginé, produit et entrepris par George A. Romero, qui allait devenir LE réalisateur phare des films de zombies dans la décennie suivante. Cet archétype génial à l’atmosphère malsaine et macabre bénéficie d’une réalisation inventive, malicieuse (malgré la maigreur des moyens) et surtout parvient à créer de belles frayeurs avec un sentiment constant d’insécurité et d’apocalypse imminente. La vision de ces corps mutilés et pourrissants déambulant comme des automates était si réaliste qu’elle ne pouvait que susciter effroi et horreur chez des spectateurs très peu habitués à une telle représentation. Pas de séquences grand guignol, mais un regard clinique et froid sur des événements dépassant l’entendement. Romero eut aussi l’idée astucieuse de faire un quasi documentaire avec une approche factuelle et un regard acéré sur la politique américaine, engluée dans les problèmes raciaux sévissant dans chaque Etat.
De même, l’absence de vedettes au générique amplifie l’impression d’assister à du « vrai », ce manque de stars joue positivement en faveur de la crédibilité de l’histoire. Les « héros » du récit (une blonde traumatisée et un Noir combattant et dynamique) seront ils sacrifiés sur l’autel d’une happy end? Justement la fin aussi sortait des sentiers battus ordinaires, offrant une résolution loin d’être rassurante et ouvrant la voie à de possibles invasions futures. Et avec Romero, les zombies ont ensuite connu bien des remakes, des versions couleurs, où le gore et les chairs à vif seraient encore davantage mis en avant. Souvent imité, jamais égalé, ce premier opus demeure de loin le plus fort. Une référence absolue.
ANNEE DE PRODUCTION 1968/1969