A la PJ, chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il ne parvient pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan, c’est le meurtre de Clara Boyer, une jeune femme de 21 ans, retrouvée brûlée vive. Une seule chose est sûre: le crime a eu lieu dans la nuit du 12.
Dès le générique d’entrée, un panneau nous indique qu’un grand nombre d’enquêtes pour homicides ne trouvent jamais de résolution en France, malgré des investigations poussées de la police criminelle. D’emblée, nous voici au coeur même du sujet du nouveau film de Dominik Moll, l’un de nos plus brillants réalisateurs français. Avec le scénariste Gilles Taurand, il a écrit une histoire passionnante et haletante dans laquelle on est plongé, décrivant au plus près le travail de ces enquêteurs acharnés, récoltant témoignages, preuves, regroupant les faits entre eux pour peut être dénicher le coupable. Il s’agit ici d’un « féminicide » particulièrement odieux (l’immolation d’une jeune femme en pleine force de l’âge), et la PJ remue ciel et terre afin de résoudre cette énigme prenante. Grâce à une mise en scène très forte, alliant à la fois le suspense de l’intrigue policière et l’aspect quasi documentaire, Moll accouche d’un thriller tendu, dans lequel il s’attarde aussi à montrer le quotidien de ces flics travaillant avec de moins en moins de moyens, côtoyant le glauque et la sordide, et souvent au détriment de leurs vies personnelles. Un assassinat qui hante le personnage principal jusqu’à l’obsession et qui finit par nous gagner aussi, tant le récit coule par sa fluidité, son efficacité de métronome! L’auteur de Harry, un ami qui vous veut du bien se colle aussi à l’actualité brûlante des violences faites aux femmes avec une grande sincérité et pertinence.
Sa riche idée a été aussi de ne pas encombrer son film de stars, elles auraient parasité l’authenticité du propos. Son jeune acteur, Bastien Bouillon, visage surtout vu dans des seconds voire troisième rôles cette dernière décennie, campe un enquêteur taiseux, mais décidé avec une assurance convaincante. Son partenaire, Bouli Lanners, un peu plus connu du grand public sait se montrer très émouvant derrière sa carapace de gros nounours. A noter la présence de quelques minutes (très puissantes) d’Anouk Grinberg, une actrice vraiment trop rare et pourtant si bouleversante, incarnant ici une juge d’instruction pleine d’humanité. La Nuit du 12 n’est rien de moins qu’un grand film, captivant jusqu’au bout et qu’il faut voir séance tenante!
ANNEE DE PRODUCTION 2022.
