En 1988, la police de New York mène la guerre contre la drogue, et les coupables comme les innocents en font les frais. Bobby Green, le directeur d’un club qui est souvent fréquenté par des bandits tente de rester neutre, mais il cache un lourd secret. Son frère et son père sont policiers.
Entre The Yards (très bon thriller) et Two Lovers (mélodrame sombre), le réalisateur américain James Gray avait littéralement réinventé le polar avec La Nuit nous appartient. Sous la forme d’un drame familial intense, ce film noir bénéficie d’un récit prenant magnifié par une mise en scène d’un classicisme somptueux. Avec ses couleurs sombres et ses scènes d’intérieur assez étouffantes, l’intrigue ne laisse aucun répit au spectateur , contant la guerre entre flics et barons russes de la drogue. Une guerre qui rejaillit sur les membres d’une famille (plus précisément deux frères, l’un gérant d’un night club et l’autre policier) et qui dérive en tragédie grecque. Les personnages sont écrits avec profondeur psychologique et finesse à la fois, mettant en lumière le dilemme d’un homme qui voit les siens menacer par quelque chose qu’il a lui même négligé. Ainsi, les thèmes de la culpabilité, du devoir, de la responsabilité s’imbriquent dans ce scénario brillant. Gray nous gâte aussi avec des séquences d’anthologie ( notamment l’ouverture sur l’air disco de Heart of Glass de Blondie ou celle d’une poursuite en voiture sous une pluie battante, rappelant Bullit en plus maîtrisé encore!). Le réalisateur sait aussi bien divertir avec de l’action qu’émouvoir avec des sentiments humains universels. La Nuit nous appartient emballe par son lyrisme, sa fluidité, sa maestria.
Quant au casting, on peut également souligner sa qualité globale avec un très beau duo masculin, déja vedette de The Yards : Joaquin Phoenix / Mark Wahlberg, campant les deux frères aux relations conflictuelles. A leurs côtés, l’excellent Robert Duvall campe leur père avec droiture et rappelle quel immense acteur il est. Enfin, la caution charme revient à Eva Mendes, aussi belle que bonne actrice. Autre personnage crucial de cette histoire : la nuit ! Elle semble engloutir les êtres dans sa noirceur, prolongeant leur cauchemar éveillé et établit la fatalité qui s’abat sur eux. Un très grand film.
ANNEE DE PRODUCTION 2007.
