En Septembre 2022, l’actrice Béatrice Dalle entreprend un voyage à travers toute l’Italie sur les traces du cinéaste Pier Paolo Pasolini, décédé tragiquement en Novembre 1975…
Ce documentaire, assurément pas comme les autres, est né de l’idée du réalisateur belge Fabrice Du Welz qui voulait tourner un film avec Béatrice Dalle, davantage pour la laisser parler de sa passion pour Pasolini que pour évoquer sa propre carrière. Il la suit donc du Nord au Sud de l’Italie dans un joli noir et blanc et face caméra, l’actrice relate son admiration, voire son amour absolu, pour l’auteur de Salo, l’effet que son oeuvre a eu dans sa vie de femme et d’artiste. Elle se confie de manière bouleversante sur Pasolini l’homme, le cinéaste, le poète, l’activiste politique qu’il était et part à la rencontre de ceux ou celles qui l’ont connu avant sa fin prématurée en 1975. Du Welz laisse sa caméra capter les émotions sur le visage de l’héroïne de 37,2 le Matin , sur ses excès de langage, sur sa sensibilité à fleur de peau, sur son refus total du conformisme et de la tiédeur. Bien sûr, l’exaltation extrême de Dalle pour son réalisateur de coeur paraitra bien idéalisée pour les novices et ceux qui ne connaissent presque rien du parcours de l’un ou de l’autre. Mais Du Welz a l’intelligence de faire de ce voyage un mélange étonnant de poésie, de cinéma, d’insolite et croise par exemple Abel Ferrara, plus sobre qu’à l’accoutumée et admirateur lui même du maitre italien jusqu’à lui avoir consacré un faux biopic avec Willem Dafoe.
Quand le dernier tiers se déroule dans la région de Matera et de Ginosa, lieux de tournage de L’Evangile Selon St Mathieu, l’émotion palpable surgit de façon presque subliminale, comme si l’espace d’un instant, Pasolini habitait l’âme de ce documentaire. Même si l’on devine que chaque intervention de Béatrice relève de la plus pure authenticité, Du Welz semble la faire jouer comme le demande un réalisateur à son actrice pour un rôle de fiction. La séquence où elle est assise dans un cinéma en train de regarder une projection de l‘Evangile justement et qu’elle ne cesse de pleurer encore et encore, renvoie à deux autres images cultes du 7e Art: Anna Karina dans Vivre sa Vie et bien sûr Falconetti dans La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer. Comme par hasard, deux réalisateurs adorés de l’auteur de Calvaire.
ANNEE DE PRODUCTION 2024.