Jean Paul et Marianne, beau couple de trentenaires, coulent des vacances tranquilles et paresseuses dans leur villa près de Saint Tropez. Ils passent leurs journées à assouvir leur passion. Jusqu’à ce qu’un de leur ami commun (et ancien soupirant de Marianne), Harry, un musicien un peu flambeur, débarque pour leur rendre une visite impromptue, accompagné de sa fille Pénélope, une belle plante de 18 ans timide et renfermée…
Situé quelque part entre le drame psychologique et le polar feutré, La Piscine prend pour décor une superbe villa tropézienne, écrasée de soleil, et des personnages (un quatuor pour être exact) jouant un jeu de séductions discrets et ambivalents. Baignades, bronzette, embrassades, sourires radieux et repas conviviaux vont pourtant laisser place à un engrenage des passions menant inévitablement au crime. Deux hommes autrefois amis vont finir par tomber les masques et révéler leur vraie nature, la jalousie et l’amour qu’ils portent pour la même femme se chargera d’achever le travail de sape. Jacques Deray a gagné ses galons de très bon metteur en scène avec ce film devenu un classique inusable, à bien des égards. En premier lieu, pour son histoire trouble, cette fausse tranquillité régnant sur les lieux, le déroulement progressif du drame à venir et fort bien rendu par un scénario aussi malin qu’efficace. Ensuite, pour les retrouvailles d’un couple jadis amoureux dans la vie réelle et qui joue ici ce couple fictif, dévoré par la passion et entrainé dans une spirale infernale: Alain Delon et Romy Schneider.
Les deux stars crèvent littéralement l’écran, alors dans la pleine maturité de leur talent et à l’apogée de leur beauté. Romy, lumineuse, revient de loin avec ce rôle, puisqu’elle ne tournait plus depuis deux ans et cette opportunité lui permettra de rencontrer ensuite son mentor, Claude Sautet. Delon, sûr de lui, félin, capte la lumière comme personne. A leurs côtés, Maurice Ronet leur tient joliment tête dans le rôle de l’ami perturbateur (il retrouve Delon neuf ans après leur duo de Plein Soleil), et enfin la toute jeune Jane Birkin, pour ses débuts timides mais déterminants. Deray réussit une tragédie sans cris ni fureur, où évidemment la fameuse piscine occupe une place cruciale. Une tension sourde mais bien présente englobe l’ensemble du métrage. Un film admirable que l’on peut voir et revoir et qui ne vieillit pas.
ANNEE DE PRODUCTION 1969.