Condamné à la guillotine pour s’être livré à des expériences abominables sur des êtres humains, le baron Frankenstein échappe de peu à l’exécution de sa peine. Il s’enfuit et se réfugie dans une région reculée du pays. Il poursuit ses recherches sur la création de la vie, sous couvert d’aide aux pensionnaires pauvres d’un hospice. Il peut disposer d’une source inépuisable de cadavres. Un nouveau monstre naît bientôt sous les traits de son propre assistant handicapé, à qui il a transplanté un cerveau dans un nouveau corps…
La firme pionnière du fantastique gothique des années 50, la Hammer Films, exploite à nouveau le mythe immortel (c’est le cas de le dire) crée en littérature par Mary Shelley et porté à l’écran en 1931 par James Whale. Ici, il s’agit du second volet, après Frankenstein s’est échappé, et le réalisateur reste Terence Fisher, aidé au scénario par Jimmy Sangster. Ils mettent davantage l’accent sur le savant fou, plus que sur sa créature, en montrant comment après avoir évité la mort, il se cache pour mener à bien les expériences néfastes, consistant à redonner la vie à des bouts de cadavres. L’idée, toujours aussi amorale, se teinte d’encore plus de cynisme, puisque cette fois Frankenstein se sert d’indigents, sans le moindre état d’âmes. L’installation de l’intrigue souffre d’une certaine mollesse dans sa première demi heure, mais la brillante équipe artistique du projet rehausse ensuite le niveau. De superbes couleurs sont utilisées et les lumières travaillées par le chef opérateur rendent l’ambiance à la fois malsaine et étouffante, les décors apportent également une touche flamboyante.
A la frontière du Bien et du Mal (les desseins scientifiques du savant ont bon être délirants, ils cherchent à créer de la vie), le fantastique survient quand, de nouveau, la créature cette fois moins hideuse que Boris Karloff ou Christopher Lee, passe d’un état quasi inerte et inoffensif à l’agressivité la plus sauvage. Michael Gwynn l’interprète avec beaucoup de nuances. En termes de jeu, Peter Cushing remet le couvert brillamment avec une froideur et une duplicité rares. Cette version conforte dans l’idée que c’est le savant qui est le plus monstrueux des deux, que c’est lui qui tire toutes les ficelles du drame, et qui provoque l’horreur absolue. Le final ouvre la voie à d’autres suites, et la Hammer aura encore bien des occasions de terrifier le public avec cette figure devenue une véritable poule aux oeufs d’or!
ANNEE DE PRODUCTION 1958.