Plus de vingt ans après ses exploits passés, le fameux Robin des Bois Prince des Voleurs revient dans la forêt de Sherwood où de nouvelles aventures l’attendent et il retrouve surtout son amour de jeunesse, la douce Marianne, devenue bonne Soeur dans un couvent. Mais le shérif de Nottingham revient troubler la paix dans la contrée…
Le réalisateur américain Richard Lester, celui là même qui a le plus (et le mieux) filmé les Beatles dans leurs concerts ou documentaires (Quatre garçons dans le vent), ne s’est enfermé dans aucun genre et lorsqu’il décide de s’atteler à un film d’aventures, il a un éclair de génie et une idée très originale: raconter les retrouvailles de Robin des Bois et de sa bien aimée Marianne, mais en se penchant sur leur vieillissement, leurs expériences et le temps qui a passé dans leur existence mutuelle. Ainsi, La Rose et la Flèche est une ode au crépuscule des héros, à la perte des illusions, à la fuite de l’amour et à son caractère absolu. Lester mélange de cette façon le comique (l’humour n’est pas absent dans la description de ce Robin senior et moins alerte), l’épique avec des scènes de combat et de bataille à l’épée, et le tragique lorsqu’il s’agit d’évoquer les sentiments de ce couple attachant et évident. Comme un goût de désenchantement plane sur cette oeuvre mélancolique et tendre, ne cherchant pas à épater à tout prix, faisant de cette quête sentimentale un beau moment d’émotion. La reconstitution historique de ce XIIè siècle étonne par sa précision, alors que le budget ne semble pas faramineux et que l’utilisation d’effets spéciaux est à son minimum.
En déconstruisant allégrement le mythe de Robin des Bois que l’on a vu plus fringant et surpuissant avec Errol Flyn, Kevin Costner, ou Russel Crowe, Richard Lester le rend ici désabusé, déchu et quelque peu vieilli, mais qu’importe son coeur et son esprit prennent toujours le dessus. Enfin, l’affiche de stars promet beaucoup et ne déçoit pas un instant nos attentes: le couple Sean Connery/Audrey Hepburn brille d’une vérité unique. Lui débarrassé de son emploi écrasant de James Bond et déjà doté d’une présence précieuse, elle de retour neuf ans après Seule dans la Nuit et offrant son visage divin à l’oeil impitoyable de la caméra. A leurs côtés, Robert Shaw campe un méchant nuancé. Au détour d’une séquence, l’apparition fugace de la toute jeune Victoria Abril (17 ans à peine) est également à noter. Une bien jolie réussite.
ANNEE DE PRODUCTION 1976.
