Sur la route de Salina, Jonas, jeune hippie, s’arrête dans une station service isolée où une mère, Mara et sa fille, Billie, reconnaissent en lui leur fils et frère Rocky, disparu mystérieusement quatre ans auparavant. Mais dès lors que Jonas n’accepte plus de « jouer le jeu » pour la belle Billie dont il tombe amoureux, la situation se dégrade…
Le papa des Tontons Flingueurs et du Professionnel , Georges Lautner, s’était principalement illustré dans le genre policier ou comique, voire dans le mélange des deux, quasiment jamais dans le registre dramatique, sauf avec cette Route de Salina, film particulièrement curieux et pourtant si imparfait. Adapté d’un roman de Maurice Cury, il se distingue surtout par son atmosphère trouble, l’étrangeté de son propos (un jeune homme pris pour un autre raconte sa mésaventure), sa façon singulière de présenter des personnages mal définis au départ et qui se dessinent peu à peu, chacun avec leurs névroses profondes. Au milieu de secrets de famille bien enfouis, l’ombre d’un inceste sulfureux plane, le comportement d’une mère abusive qui intrigue fortement, et des éléments de réponse que l’on obtient au compte gouttes. Lautner a tourné à Lanzarote, une des Iles Canaries, avec ses décors de désert volcaniques, rendant le film encore plus intemporel et l’esthétique psychédélique, typique des seventies, apporte un certain charme à l’ensemble. Sur une musique de Christophe (associé au groupe Clinic), tellement « cool » que Tarantino s’en resservira pour une séquence de Kill Bill, le script déconcerte un long moment, avant de perdre de sa bizarrerie au bout d’une heure. Ensuite, les enjeux révélés et les doutes levés sur les intentions des deux héroïnes, La route de Salina devient moins palpitante à suivre.
L’autre curiosité notable du métrage se trouve dans le casting, presque entièrement tenu par des américains: Mimsy Farmer, à la jolie bouille faussement innocente, que l’on reverra en victime apeurée dans La Traque, Robert Walker Jr un jeune comédien au physique de gendre idéal et de plus doté d’un jeu intéressant, et surtout la grande Rita Hayworth, 25 ans après Gilda, épatante en mère désaxée à la dérive. Pour elle surtout, le film mérite une révision urgente, d’autant que sa diffusion est restée quasiment nulle depuis sa sortie (et son échec) en 1970! Considéré comme le vilain petit canard de la filmographie de Lautner, une raison de plus pour ne pas hésiter à lui redonner une nouvelle chance!
ANNEE DE PRODUCTION 1970.