Y a 20 ans de ça, quelques années avant ma naissance, maman a aimé un gars. Y’a 20 ans de ça, ils ont été séparés et quand il est parti, il a emporté avec lui le sourire de ma mère. Faut que je le retrouve, faut qu’il le lui rende. Sinon, moi, je meurs. Lulu, 15 ans.
Parfois un premier film est une vraie promesse de voir naître un (ou une) cinéaste, éclore son talent et permet la découverte d’une sensibilité jusque là inconnue. On peut légitimement dire que c’est le cas avec La Tête de Maman, une oeuvre pensée, écrite et dirigée par une certaine Carine Tardieu. Naviguant entre mélancolie, onirisme et émotion, son scénario met en scène une ado de 15 ans préoccupée par la dépression de sa mère et tentant d’en connaître l’origine. Tardieu y réussit un curieux mélange de légèreté et de gravité sous jacente, privilégiant toutefois un humour souvent décapant et aussi un peu de pathos. Le monde des adultes apparaît presque plus compliqué que celui de l’adolescence et le film s’en amuse plus qu il n’en fait un sujet grave. L’histoire d amour de jeunesse de cette maman tristoune, originalement racontée, entraîne la seconde partie dans un univers coloré, fantaisiste, comme pour signifier le passage de la sinistrose à la plénitude. Juste un petit bémol sur les dialogues, parfois un peu caricaturaux et faciles pour essayer de trouver le ton le plus réaliste possible d’une ado de 15 ans. Ainsi que l’omniprésence d’une musique de fond pas toujours très judicieusement employée. Des défauts assez mineurs que rattrape un joli casting.
La toute jeune Chloé Coulloud passe très bienà l’écran pour sa première fois, fraîche, nature, douée en somme. Karin Viard incarne cette mère figée dans la dépression en mettant sa gouaille habituelle en silence et s’en sort avec adresse. Quant aux deux rôles masculins, ils sont tenus par Pascal Elbé en mari aimant et Kad Merad en amant faisant des miracles. La belle cerise sur ce chouette gâteau revient à Jane Birkin, pour une participation exceptionnelle (dans son propre rôle) et utilisée a très bon escient. Une surprise étonnante que ce premier long métrage aux multiples qualités.
ANNEE DE PRODUCTION 2007.