Mélanie, une toute jeune fille de 10 ans, rate son concours d’entrée au Conservatoire en tant que pianiste, par la faute de la présidente du jury, Ariane Fouchécourt. Quelques années plus tard, Mélanie effectue un stage chez un grand avocat, qui se trouve être le mari d’Ariane. Une idée de vengeance commence à germer dans l’esprit de Mélanie…
Denis Dercourt, le metteur en scène, baigne depuis son enfance dans le milieu de la musique et connait donc parfaitement l’importance des notes et des variations. Une qualité que l’on retrouve très bien exploitée dans ce thriller musical racontant la terrible vengeance d’une jeune femme sur une autre, plus âgée, qu’elle tient pour responsable de l’échec de sa vie. Méthodiquement, Dercourt agence son intrigue dans un calme inquiétant, faisant de son héroïne une blonde hitchcockienne vénéneuse que rien ne peut faire reculer. Son récit à la mécanique huilée recèle bien des hasards douteux ou quelques petites invraisemblances, mais l’ensemble se tient très correctement, grâce à une perversité sourde et juste ce qu’il faut de sadisme pour laisser le spectateur admirer l’entreprise de démolition d’un personnage sur un autre. Pour cet exercice de musique de chambre, le cinéaste fait preuve à la fois de rigidité (et ne déborde jamais de son but) et d’une précision de métronome, décrivant par touches discrètes un ballet de séduction féminine, dont on sait qu’il ne finira pas par des étreintes.
Le film gagne en densité grâce à ses comédiennes: Catherine Frot, toujours très bien, filmée au plus près et avec soin par Dercourt incarne la pianiste fragile, doutant d’elle même et donc vulnérable par rapport à la vengeresse Deborah François, jusque là vue dans L’Enfant des Frères Dardenne. La jeune actrice n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour jouer ce personnage froidement déterminé et elle est crédible jusque dans ses silences pesants. Avec sa tension palpable et son suspense constant, La Tourneuse de Pages se pose en très bon thriller que n’aurait pas désavoué Claude Chabrol.
ANNEE DE PRODUCTION 2006.