Dominique Marceau est une jeune fille très belle accusée du meurtre avec préméditation de son amant Gilbert Tellier, qu’elle dit avoir tué dans un accès de folie passagère. Son procès va être l’occasion de lever le voile sur le mystère et de découvrir peut être la vérité…
Henri Georges Clouzot , un des meilleurs réalisateurs français à qui l on doit Quai des Orfèvres , Le salaire de la peur ou encore Les diaboliques (trois films majeurs) s’est penché sur l’Affaire Pauline Dubuisson, l’histoire est vraie, il change juste les noms, les dates et modifie les situations pour rendre un script à la dramaturgie fluide et passionnante. Retrouvant la noirceur qu’il avait injecté dans Le corbeau , il dresse le portrait d’une jolie femme un peu frivole, inconséquente, prise dans les rais de la justice et qui se demande un peu ce qui lui arrive. Elle tente d’expliquer et de revenir sur ce que fut sa vie et son parcours, avant d’en arriver à son acte. Est elle une manipulatrice, une vamp sans coeur ou bien une amoureuse désespérée, elle même victime des hommes et des circonstances? Toute la question va planer et immiscer le doute dans la tête des jurés, des avocats et du juge d’instruction. Clouzot dépeint admirablement une société étriquée, prise dans ses préjugés, et n’épargne ni la bourgeoisie hypocrite, ni surtout la Justice, souvent aveugle et dont on se demande comment les procédés vont pouvoir faire émerger cette fameuse Vérité. Le film est habilement construit en flash backs, une succession de séquences brouillant les pistes et rendant ce puzzle narratif très prenant.
L’atmosphère lourde de la salle d’audience semble être une toile d’araignée dans laquelle Dominique est prise au piège, criant son innocence et son désespoir, face au théatre impitoyable des juges accusateurs et du public présent pour réclamer sa tête! Mais n’est elle pas plutôt là parce qu’elle a des moeurs légères, que sa beauté dérange et effraie au fond? Au fil du récit, les masques tombent, le vernis craque et Clouzot signe là un drame poignant digne des plus grandes tragédies grecques. Qui plus écrit avec une finesse d’esprit et des répliques implacables.
Enfin c’est aussi un magnifique film d’acteurs où tous se révèlent excellents. En premier lieu, notre héroîne jouée par une Brigitte Bardot fulgurante, époustouflante d’émotion. Elle est de tous les plans et son talent que l’on pensait limité éclate ici de milles feux. A ses côtés, le jeune Sami Frey, au début d’une carrière qui sera longue et riche, mais aussi le vétéran Charles Vanel en avocat aguerri et humain ou Paul Meurisse qui campe l’avocat général avec une froideur et un cynisme effrayant. « La vérité » fut un triomphe mérité et la rencontre d’une authentique Star de cinéma et d’un réalisateur précis et volontiers tyrannique donna lieu à une nomination à L’Oscar du meilleur film étranger en 1960.
ANNEE DE PRODUCTION 1960