Jeanne, la quarantaine passée, mène une existence paisible avec son mari Gérard et ses trois enfants. Mais Gérard meurt brusquement d’un infarctus et les habitudes et certitudes de Jeanne s’écroulent. Se retrouvant seule, elle se lance courageusement dans une lutte pour devenir responsable de sa vie et aller de l’avant…
Ainsi résumé, ce film de Moshé Mizrahi, à qui l’on doit le très beau La Vie devant soi avec une extraordinaire Simone Signoret, peut laisser imaginer une sorte de drame pesant et fortement mélo pour faire pleurer dans les chaumières. Pourtant… Le récit de cette veuve encore jeune qui doit réapprendre à vivre et à subvenir à ses besoins sonne juste par l’acuité du réalisateur à observer l’air du temps, à rendre proche son personnage principal pour faciliter l’identification et du coup obtenir la compassion et la compréhension qu’elle mérite. Certes, son histoire est simple, voire simpliste, cependant le scénario contourne habilement les poncifs et parvient sans mal à émouvoir au gré de dialogues sensibles et bien écrits. L’héroïne se bat somme toute pour sa survie et sa résurrection de femme, retrouvant le monde du travail, le goût de vivre et peut être celui d’aimer à nouveau. Mizrahi se refuse absolument à céder aux séquences programmatiques et l’absence de « happy end » va justement dans ce sens, quitte à décontenancer le public. Est ce pour cette raison que le film fut un échec et passé sous les radars? Mystère…
La Vie Continue renoue d’une certaine manière avec le courant de « Qualité Française » fustigée par Truffaut, avec une mise en scène sans doute un peu molle et une narration linéaire, mais finalement le film trouve sa voie délicate. Il est porté avec grandeur par une comédienne hautement émouvante, Annie Girardot, parfaite en Mère Courage mais toujours debout, digne malgré sa souffrance. Pour l’accompagner, Jean Pierre Cassel, qui jouait déjà son amoureux dans Docteur Françoise Gailland et qui reforme donc ce couple à l’alchimie certaine. Les seconds rôles (Pierre Dux et Michel Aumont) se montrent également à leur avantage. Ce joli film devrait être réévalué et sorti de l’oubli, autant pour ses interprètes que pour son tact et sa bonté.
ANNEE DE PRODUCTION 1981.