Le fils de Muriel, patronne d’une boutique de parfums à Aix, voit son fils adolescent tuer sous ses yeux, après une demande de rançon que les ravisseurs n’ont finalement pas récupéré. Elle se rapproche de deux anciens amis à elle, François et René, avec qui elle faisait des braquages quinze ans auparavant. Ils cherchent les responsables de la mort du jeune homme, mais n’est ce pas dans leur propre passé qu’ils devraient fouiller?
Guédiguian nous berce depuis le début des années 80 avec son oeuvre humaniste, chaleureuse et populaire sur les classes ouvrières, sur ses convictions communistes, sur ses histoires de famille qui s’aiment, se déchirent et surtout sont solidaires devant l’adversité. Dix ans après son triomphe avec Marius et Jeannette, il lui vient l’envie de changer de registre et de s’essayer au polar! Pourquoi pas? Il réunit ainsi les éléments constitutifs du film policier, situe l’action entre Aix et sa ville de coeur, Marseille, et compose un trio d’anciens « malfrats » rangés des voitures, replongeant dans une sombre histoire de vengeance. Le message de Guédiguian s’avère d’ailleurs tout du long clair comme de l’eau de roche: la vengeance appelle la vengeance, tel un engrenage infernal qui ne s’arrête jamais. Une fois posé ce postulat, Lady Jane se traine quelque peu, sur la base d’un récit peu exaltant, et surtout d’un traitement bien maussade. La noirceur absolue voulue par le cinéaste range cette oeuvre dans une catégorie de films crépusculaires, ce qui en soi a une valeur certaine, pourtant il y manque du tonus, de l’action plus frontale, plus de nerfs. D’une amertume inhabituelle, Lady Jane dénote dans la filmographie de Guédiguian, qui semble avoir tenu à signer une « série noire » pour se renouveler et éviter de se répéter.
Pour camper ses personnages désorientés et désabusés que la vie n’a pas épargné, il fait de nouveau appel à sa bande bien aimée: Ariane Ascaride joue cette mère murée dans son silence et sa douleur avec conviction, Jean Pierre Darroussin et Gérard Meylan en vieux caïds semblent moins convaincants. La conclusion nous laisse aussi sur notre faim, ne réservant aucune surprise de taille et condamnant définitivement cette intrigue un poil paresseuse à une inévitable sensation de déjà vu. On préfère le Guédiguian préoccupé par les problématiques sociales.
ANNEE DE PRODUCTION 2008.