Michel Maudet, un jeune boxeur raté, mais ambitieux et prêt à tout, rentre au service de Dieudonné Ferchaux, un vieux banquier. Il devient son secrétaire et garde du corps. Ils doivent fuir la justice et quittent la France pour les Etats Unis. Pendant leur périple, les deux hommes vont rentrer dans un curieux jeu du chat et de la souris…
Jean Pierre Melville s’est intéressé à ce roman de Georges Simenon et l’adapte au cinéma, en y voyant là l’occasion de se replonger, après Deux Hommes dans Manhattan, dans ce bouillonnant pays qui le fascine tant et que sont les Etats Unis. Ironiquement pourtant, il ne sortira pas des studios de Joinville pour tourner ce road movie allant de New York à la Nouvelle Orléans. L’action se concentre sur le duo masculin central, entre ce jeune boxeur avide d’argent et ce banquier aux intentions floues, leur rapport entre estime, méfiance, ils entretiennent une amitié un peu étrange. Faisant de ce voyage une errance psychologique, Melville ne cherche pas l’action à tout prix, ce qui peut donner l’impression d’un film flottant et un peu lent, installant une ambiance plus qu’ambigue entre les deux hommes (une homosexualité latente peut même y être vue, du moins du point de vue du vieil homme). Les maladresses majeures viennent de l’alternance parfois hasardeuse entre les décors studios et les plans captés en extérieur, et une réalisation délibérément assez neutre.
Ni polar, ni drame, L’Ainé des Ferchaux se situe quelque part entre les deux genres, et c’est ce qui le rend fascinant et à part. Cette histoire de filiation voulue et ratée brasse des thèmes chers au cinéaste du Cercle Rouge comme la trahison, la révélation des vraies natures dans l’épreuve, des motifs que l’on retrouvera beaucoup dans ses derniers grands films comme Le deuxième souffle et surtout L’Armée des Ombres, au demeurant plus aboutis que celui ci. Jean Paul Belmondo retrouve Melville pour la troisième fois et semble de plus en plus à l’aise, confirmant un talent à jouer de son physique et de son charme particulier. Quant à Charles Vanel, vétéran du cinéma français, il impose à nouveau sa présence lourde, affirmée et forme avec Bébel un tandem étrangement séduisant. Belle musique signée Georges Delerue.
ANNEE DE PRODUCTION 1963.