Dans une province reculée de l’Allemagne à peine réunifiée, deux inspecteurs aux méthodes radicalement différentes enquêtent sur les disparitions et meurtres atroces de jeunes filles. Leurs investigations va les mener aux confins de l’horreur.
Ce polar glauque à souhait est le remake assumé de La Isla Minima , un grand succès du cinéma espagnol, et s’inscrit donc dans la veine des films policiers « poisseux ». Le réalisateur allemand Christian Alvart situe son intrigue quelques temps après la Chute du Mur de Berlin. Après la liesse que fut cet événement, une majorité du peuple allemand, surtout ceux des campagnes isolées, a payé un lourd tribut à ce changement politique radical. Les personnages du film portent en eux toutes les désillusions, la fatigue existentielle, et l’atmosphère générale est très sombre. Alvart rend plutôt bien cet état de fait, tout en contant une assez classique histoire de meurtres, rappelant aussi le fameux Memories of murders, dans lequel la politique Coréenne jouait un rôle majeur. Il met en scène deux flics aux méthodes opposées (l’un est diplomate, l’autre un ancien agent de la Stasi!!) et ils vont devoir coopérer ensemble: cet aspect du scénario comporte un sentiment de déja vu, mais heureusement la tension nerveuse est maintenue pour garder le rythme.
La saveur particulière de l’intrigue est cette dissection aiguisée de la psychologie de chacun. On rentre dans la tête de ces deux policiers, mais aussi dans celles des parents des victimes, ou dans celle du journaliste fouille merde s’incrustant dans l’enquête. L’arrière fond politique (on devine le capitalisme gagner du terrain dans les usines désormais privatisées) montre les traumatismes de l’Allemagne de façon convaincante. Le seul reproche qu’on puisse émettre réside dans la durée du film: un tantinet trop long. Cependant, l’ensemble prenant et efficace emporte la partie.
ANNEE DE PRODUCTION 2020