1940, Franck Jackson, agent à la solde de Staline, est mandaté pour l’assassinat de Trotsky. Ce dernier, réfugié à Mexico, ancien leader de la Révolution d’Octobre, vit sous bonne garde avec sa femme Natasha et leur fils. Pour mener à bien sa mission, Jackson séduit Gita Samuels, une proche du réfugié politique, et parvient à la persuader d’organiser une rencontre avec sa cible…
Dans les années 50, Joseph Losey, encore en activité aux Etats Unis, avait caressé l’idée de faire un film sur l’assassinat d’Abraham Lincoln, sans y parvenir. Une fois exilé après la Chasse aux sorcières, il vint tourner en Europe ses plus grandes réussites (Eva, The Servant, Accident) et au début de la décennie 70 se lance dans un projet autour d’un autre assassinat politique illustre, celui du Révolutionnaire Léon Trotsky. Respectant à la lettre les événements antérieurs ayant conduit à sa fin tragique, il écrit un scénario où il décrit l’organisation préalable à l’attentat, fomenté par un certain Franck Jackson qui se nomme en réalité Ramon Mercader. Losey ne souhaitait pas faire de cette évocation un film d’action ou de suspense, il relate le rapprochement progressif du meurtrier avec sa victime, comme un léopard traquerait une antilope. Avec un seul souci de taille: il en oublie le rythme et accouche d’un script désespérément lent, sans aucune vitalité, et au bout du premier quart d’heure, l’ennui accablant prend le dessus sur tout le reste. La réalisation de Losey n’arrange rien à l’affaire, cédant à une fâcheuse tendance à l’épure et aux bavardages pénibles. Jamais l’on ne ressent l’inquiétude quotidienne de Trotsky devant sa vie en perpétuel danger, jamais non plus on ne perçoit un semblant de vie dans la personnalité sournoise de son futur bourreau. D’autre part, l’auteur de The Servant se croit bon de surligner ses intentions, notamment dans une séquence de corrida, dans laquelle la mise à mort de l’animal renvoie grossièrement à l’exécution qui se prépare.
Le casting canon aurait pu donner une valeur unique au projet, d’autant qu’il comprend Alain Delon, Richard Burton, Romy Schneider et Valentina Cortese. De grandes vedettes de l’époque. Mais justement leur notoriété handicape finalement la crédibilité de leurs rôles, Losey aurait mieux fait de choisir des inconnus. Delon, plus impassible et glacial que jamais semble à côté de la plaque, tandis que Burton s’en tire mieux et que Romy, toujours puissante, tente d’exister dans un rôle secondaire qui ne la mérite presque pas. Il manque un souffle romanesque à cette oeuvre historique, dont on peut apprécier à la rigueur la reconstitution très correcte. C’est à peu près tout et c’est bien peu!
ANNEE DE PRODUCTION 1972