Nathalie est professeure de philosophie dans un lycée parisien. Elle aime par dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre son travail, sa famille, et sa mère très possessive et hypocondriaque. Un beau jour, son mari lui annonce qu’il la quitte pour une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, Nathalie va réinventer sa vie…
Avec les récents Bergman Island et surtout Un Beau Matin, la réalisatrice française Mia Hansen Love a confirmé la justesse de sa mise en scène, la beauté singulière de ses histoires simples (et non simplistes) et son aptitude à creuser la psychologie de ses personnages. Auparavant, elle avait imaginé cette histoire d’une prof de philo à la vie très rangée, confrontée de manière abrupte à une rupture inattendue avec son mari, et qui plutôt que d’en faire un drame pathétique et désespérant en profite pour repartir de zéro. Certes, l’avenir de cette héroïne semble incertain et elle parait avancer à l’aveugle au gré des situations qu’elle traverse, et le récit la suit tout naturellement, mettant davantage l’accent sur sa force de caractère que sur sa dérive sentimentale. Mia Hansen Love trousse une comédie dramatique intelligente, sensible, non dénuée d’humour et surtout pointue sur les tourments existentiels de cette cinquantenaire battante. Tourné vers les réflexions philosophiques, le film ne tombe pas pour autant dans un pensum « intello chiant » qu’un certain cinéma d’auteur délivre parfois avec complaisance: il s’agit plutôt d’une tranche de vie, à la fois malmenée, reprise en main, et définitivement positive. Ce portrait féminin respire l’apaisement, la douceur, le renouveau et la cinéaste nous transmet les sentiments de son personnage avec élégance.
Elle y est fortement aidée par l’implication sans failles de son actrice principale, Isabelle Huppert, au sommet de son art et dans la plénitude fascinante de son jeu, tout en nuances et précision. Face à elle, André Marcon, un comédien de théâtre que l’on a pu redécouvrir dans l’excellent Marguerite de Xavier Giannoli, campant le mari décidant de quitter le nid conjugal, et le jeune Roman Kolinka, dont la ressemblance frappante avec sa mère, la regrettée Marie Trintignant, s’ajoute à ses qualités d’interprète. Avec cet opus subtil, Mia Hansen Love remporta le Prix de la Réalisation à Berlin. Une raison supplémentaire pour suivre de près le parcours de cette cinéaste talentueuse.
ANNEE DE PRODUCTION 2016.