LE 7EME JURÉ

Honorable pharmacien d’une petite ville de Province, non loin de la Suisse, Grégoire Duval commet l’irréparable une après midi, en tombant sur Catherine, une jeune femme aux moeurs légères, qu’il surprend en pleine bronzette. Il s’approche d’elle pour tenter de la toucher, mais finit par l’étrangler pour étouffer ses cris effrayés. C’est Sautral, le petit ami de Catherine, qui est immédiatement accusé par toute la population et passe en procès d’assises. A sa grande surprise, Duval se retrouve nommé juré, alors qu’il devrait être à la place de l’accusé…

Au milieu de dizaines d’opus populaires sympathiques et souvent sans grande consistance (notamment ses comédies policières avec Belmondo), Georges Lautner eut à ses heures des éclats de génie et réalisa des films tout à fait étonnants. Ce 7ème Juré en fait partie et compte même parmi ses plus brillantes réussites. Avec l’aide d’un scénario diabolique, écrit avec acuité par Pierre Laroche, Lautner accompagne ce texte magnifique, porté par un superbe monologue rempli d’amertume et énoncé par le protagoniste principal. Sa mise en scène rigoureuse donne naissance à un drame policier d’une insondable noirceur, où l’abjection des êtres aboutit à une oeuvre profondément pessimiste. Presque chabrolien avant l’heure, le récit épingle l’hypocrisie de la bourgeoisie de province, cachée derrière sa fausse respectabilité, son besoin viscéral de maintenir les apparences sauves, au mépris de la vérité. De plus, lorsque le film bascule dans les séquences de prétoire, jamais il ne sombre dans un ennui pesant ou une démonstration maladroite des faits, grâce à des réparties cinglantes, corrosives, et pleine d’intelligence. Le 7ème Juré navigue entre plusieurs thèmes passionnants et les traite tous avec clairvoyance et pertinence: la culpabilité de l’homme ne pouvant avouer son crime, les certitudes pratiques derrière lesquelles la police entend clôturer rapidement une affaire bâclée, et surtout le poids du silence que le vrai meurtrier s’inflige, avant de comprendre que ses aveux seront finalement inaudibles!

Cet excellent film à ne pas manquer trouve sa pleine mesure dans les interprétations de choix que l’on peut admirer jusque dans les seconds rôles, judicieusement choisis et dirigés (Francis Blanche, Maurice Biraud, Robert Dalban et Danièle Delorme en épouse obstinée et déterminée à rester « sourde et aveugle » pour préserver son existence et son bonheur factices). Dans le rôle de l’homme aussi refoulé que médiocre, Bernard Blier est tout simplement parfait, nous livrant ses pensées les plus sombres avec une vérité glaçante. Et impossible d’oublier que même en voulant libérer sa conscience, il ne fait que s’enfoncer un peu plus dans le gouffre sans fonds de la dissimulation.

ANNEE DE PRODUCTION 1962.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Un opus méconnu de Lautner, ici à son meilleur: script de haute tenue, réalisation inspirée, et des acteurs en pleine possession de leur jeu, notamment Bernard Blier en notable assassin pathétique. A voir absolument.

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