Milieu des années 90. Sophie a un enfant et un conjoint, mais s’ennuie dans son quotidien. Jusqu’au jour où elle rencontre Claude, un homme qui la fascine alors qu’il est braqueur. Un jour, lors d’une attaque qui tourne mal, Claude tue un homme et se retrouve incarcéré en attente de son procès. Sophie vient lui rendre visite au parloir et leur histoire démarre ainsi. Claude est condamné à trente ans de réclusion, mais Sophie décide quand même de se battre pour faire vivre leur amour…
Brigitte Sy, actrice, scénariste, mère de Louis Garrel, évoque là pour sa troisième réalisation son histoire personnelle: celle d’une femme amoureuse d’un truand incarcéré pour de longues années. Une base de récit qui avait d’ailleurs aussi servi d’inspiration à Louis Garrel pour son excellent L‘Innocent, sorti en 2022. Plutôt sur un mode comique pour le coup. Ici, nous assistons davantage à un drame sentimental, démarrant comme un polar à l’aspect « années 80 », une description déjà vue du milieu carcéral, puis dérivant vers le portrait féminin sincère et dont on ressent justement le « vécu ». La narration nous entraine dans les sentiments dévastateurs ressentis par son héroïne, capable de bâtir une romance avec un taulard qu’elle admire et avec qui elle fait même un enfant, songeant ensuite à le faire évader. Ce canevas à priori peu original sur le papier rappelle celui de La Fille de l’Air de Maroun Bagdadi qui racontait l’itinéraire de Nadine Vaujour, cette femme ayant organisé l’évasion spectaculaire de son mari gangster de la Prison de la Santé et Brigitte Sy s’intéresse plus à cet amour empêché qu’à l’intrigue policière sous terraine. Sa mise en scène un peu terne accorde surtout une attention privilégiée aux comédiens, finalement première qualité du film.
En vedette, Laetitia Casta incarne cette amoureuse absolue avec du caractère et du tempérament. L’ancienne top model, qui avait débuté dans Astérix il y a 25 ans de ça, développe mine de rien des capacités de jeu de plus en plus pointues et sa beauté plastique (toujours un atout pour elle) ne l’handicape plus pour camper des personnages de femme ancrées dans la vie. Damien Bonnard surprend moins dans le rôle du taulard charmeur, même si son travail d’acteur reste tout à fait honorable. Enfin, le film gagne en intensité grâce à Béatrice Dalle, écopant d’un joli second rôle, trimballant une vraie expérience de vie (ancienne toxico séropo) et ajoutant une nostalgie très « eighties ». Pas du grand cinéma donc, mais l’interprétation justifie que l’on ne néglige pas cette oeuvre aux accents autobiographiques.
ANNEE DE PRODUCTION 2024.
