LE CORBEAU

Médecin dans une petite ville de province, le docteur Rémy Germain commence à recevoir des lettres anonymes signées « Le Corbeau », l’accusant d’avortements. Finalement, d’autres habitants en reçoivent à leur tour, dénonçant soit des infidélités, des vols, des secrets de famille… Très vite, tout le monde se soupçonne et craint de devenir la prochaine victime du Corbeau.

Après un premier long métrage salué L’Assassin habite au 21, Henri Georges Clouzot revient en plus grande forme encore avec ce second opus, lui permettant même d’atteindre le top de son inspiration et de son talent hors normes. Le Corbeau est l’heureux mariage d’excellents dialogues, d’une ambiance délétère, d’une mise en scène minutieuse et d’un propos dérangeant. Cette fable d’une noirceur rare, produite par la firme Continental Films (dirigée par Goebbels pendant l’Occupation allemande), ressemble à une peinture des moeurs de province d’un cynisme poussé, dans laquelle l’âme humaine montre ses peu reluisants atours, dans un esprit de dépravation alors jamais vu dans une oeuvre française. Inspiré d’un fait divers survenu à Tulle dans les années 20, le scénario (écrit par Louis Chavance) allie les sordides règlements de comptes, les querelles de clocher, l’infamie de personnes envieuses et mal intentionnées envers des notables dits « respectables ». Clouzot est moins intéressé par l’aspect policier de son intrigue que par les ravages de la délation, la contagion nauséeuse de la rumeur, distillées dans des répliques parfois franchement sombres. On ne compte plus le nombre de séquences anthologiques: la dictée collective, la cérémonie religieuse perturbée par une lettre « tombée » du ciel, et surtout le dialogue entre les deux docteurs (Germain et Vorzet) où une théorie de la relativité du Bien et du Mal est exposée, au gré du balancement d’une ampoule allumée. Profondément pessimiste et inconfortable, Le Corbeau ne se veut jamais moraliste et brille par une interprétation de grande tenue.

Outre Pierre Fresnay, à la classe discrète, et Pierre Larquey incarnant avec délice le docteur Vorzet, on retrouve Ginette Leclerc, en putain amoureuse et boiteuse, très crédible également. Ainsi qu’une cohorte de vedettes renommées comme Noel Roquevert, Héléna Manson, Sylvie, Louis Seigner, prenant part à l’entreprise pour des rôles secondaires d’une valeur inestimable. Avec son atmosphère étouffante, Le Corbeau entraine dans une tempête de passions et de soupçons, allant jusqu’à être accusé de pactiser avec l’ennemi allemand, avant d’être encensé des décennies plus tard et placé au panthéon des classiques indémodables. On peut légitimement parler de chef d’oeuvre!

ANNEE DE PRODUCTION 1943.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Une oeuvre magistrale, sans doute l'apothéose du style Clouzot: rigueur de la mise en scène, écriture parfaite, intrigue passionnante. Et un casting en or massif, de Larquey à Fresnay, en passant par Ginette Leclerc.

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