Bruno Davet est un cadre supérieur de 40 ans dans une impasse professionnelle. Après un plan de restructuration, il a été licencié et son chômage perdure, sans qu »l ne trouve de poste. Lui vient alors l’idée complément folle de supprimer les potentiels concurrents en lice et ainsi se laisser le maximum de chances d’être embauché…
Spécialiste de films politiques et dénonciateur des dictatures du monde entier, Costa Gavras avait débuté sa carrière par un film policier pur jus Compartiment tueurs, au milieu des années 60. Voilà que quarante ans plus tard, il revient à ce genre avec Le Couperet. Le monde du travail est une jungle impitoyable où le chacun pour soi est de mise et où les plus faibles se font dévorer tout cru. Sur cette idée de base, il a imagine un anti héros, un cadre sup au chômage, décidant pour ne pas se laisser abattre, de supprimer purement et simplement les candidats au même poste que lui. Gavras cerne la psychologie de cet homme ordinaire pris d’une folie meurtrière, prêt a tout pour retrouver son boulot et sa dignité, quitte à tuer pour cela. Un scénario affûté qui dénonce bien sûr au passage les politiques de délocalisation inhumaines du monde moderne, la rentabilité à tout prix et l’ultralibéralisme à outrance. Gavras a fait du roman (excellent) de David Westlake un pamphlet cinglant sous forme de thriller tendu, dans lequel il parvient pourtant à injecter des notes d’humour (noir parfois!). Enfin, Le Couperet se présente comme le portrait d’un homme pétri de failles, malin et calculateur qui s’avère aussi plein de maladresses. Le réalisateur de Z décrit enfin avec acuité la spirale infernale du chômage, ainsi que l »obsession criminelle poussée à son paroxysme.
Pour interpréter ce type jusqu’au boutiste, José Garcia, que l’on a peu vu dans le registre dramatique, donne tout son potentiel d’acteur de composition et livre une performance des plus inspirées. Face à lui, Karin Viard joue son épouse inquiète et à mille lieux d’imaginer ses agissements avec un calme olympien, Olivier Gourmet formidable en cadre sup alcoolisé. Enfin Ulrich Tukur, déjà dirigé par Gavras dans Amen incarne un homme au bout du rouleau, broyé par le système, avec une crédibilité incroyable. Le Couperet demeure certainement la dernière grande réussite d’un réalisateur qui n’a guère brillé depuis .
ANNEE DE PRODUCTION 2005.