Le gangster Hugo Senart dit « Le Gitan » s’est évadé. Bien décidé à venger les humiliations subies par son peuple, il règle ses comptes avec la société en attaquant les banques. Il va ainsi troubler la carrière de Yann Kuq, un vieux truand. Après moult aventures, ce dernier finit par être arrêté, avant d’être relâché pour vice de forme. La cavale du Gitan se poursuit néanmoins…
Avec le désir de vouloir mêler le film policier et l’étude de moeurs, José Giovanni, ancien repris de justice devenu réalisateur a sans aucun doute eu les yeux plus gros que le ventre. En effet, sa volonté de réhabiliter la communauté gitane, méprisée et mal aimée de la société se heurte ici à un problème de scénario: son approche reste bien trop superficielle, son humanisme parait ampoulé et sa priorité va nettement du côté du polar dans lequel on le sent plus à sa place. Comme Alain Delon est en charge de la production, c’est évidemment son personnage de gitan qui est mis en avant, au détriment du reste. D’ailleurs, même l’intrigue policière convainc à moitié, car il la « scinde » en deux: d’un côté le hors la loi fougueux et rebelle joué par Delon menant ses actions tel un loup solitaire, de l’autre un ancien gangster fatigué et désireux de « raccrocher », mais Giovanni ne les met que tardivement en « collaboration » et durant presque la totalité du métrage, on suit presque deux films distincts dont on perçoit difficilement la pertinence. Lointainement inspiré de l’Affaire Marcel Ruard (dont le vrai nom était Hugo Senart), Le Gitan se laisse certes suivre sans véritable ennui, néanmoins la mise en scène de Giovanni aurait pu être davantage travaillée, le rythme mieux équilibré.
Roi du box office français à ce moment là, Delon s’est laissé pousser la moustache (pour faire plus gitan) et son regard hypnotique de vengeur révolutionnaire constitue l’élément majeur. Il reste des miettes à ses partenaires qu’il a choisi sur le volet parmi ses fidèles: Renato Salvatori et Maurice Barrier pour complices, Paul Meurisse en truand arrivé en bout de course, Marcel Bozzuffi campe le commissaire de police acharné et un tout jeune Bernard Giraudeau son bras droit. Seule présence féminine: la participation d’Annie Girardot en tenancière d’auberge, sacrifiée par la minceur du rôle. Basique et conventionnel, ce Gitan manque d’unité et de profondeur.
ANNEE DE PRODUCTION 1975