Alors qu’elle supervise les auditions de sa prochaine pièce, la dramaturge Myra Hudson rejette la candidature du jeune acteur Lester Blaine. Elle le retrouve peu après dans le train qui la ramène à San Francisco, en tombe amoureuse et finit par l’épouser. Mais Lester renoue avec Irène, sa précédente petite amie qu’il n’a jamais cessé d’aimer. A deux, ils fomentent un plan pour supprimer Myra et empocher l’héritage…
Au rayon des polars un peu méconnus et qui méritent une seconde chance, Le Masque Arraché tient une place de premier choix. Mis en scène par un certain David Miller, pas vraiment un cinéaste majeur d’Hollywood mais pas un nullard non plus (il signera Diane de Poitiers avec Lana Turner), le film se révèle d’une noirceur particulière, soutenue par une superbe photographie noir et blanc de Charles Lang (jouant beaucoup avec les clairs obscurs), la musique d’Elmer Bernstein, et surtout un scénario machiavélique que n’aurait pas désavoué Alfred Hitchcock. La progression dramatique nous entraine d’abord dans une sorte d’histoire romantique avec cette femme d’un âge assez mûr épousant un acteur débutant et jeune dont on pense tout de suite qu’il est réellement épris d’elle. Les désillusions et les masques tombent à mi parcours et dès lors, le film se transforme en policier inquiétant, ménageant un suspense de bonne tenue. L’héroïne va passer de la lumière aux ténèbres, de la passion à la haine, et surtout faire l’expérience d’une trahison sans égale. Les personnages entretiennent des rapports faussés, troubles, pour ne pas dire vénéneux. Quelques failles, notamment dans les dialogues (par trop explicatifs), peuvent à la rigueur enlever un peu d’intérêt à l’ensemble, mais le casting rattrape vaillamment la timbale.
C’est un festival Joan Crawford, formidable en riche héritière dramaturge amoureuse de l’homme qu’il lui faut pas, et dont le visage très expressif passe de la béatitude sentimentale à la déception et à l’effroi le plus terrible. Son partenaire, Jack Palance, souvent abonné aux rôles de salauds, la seconde admirablement, avec sa composition à double face. Enfin, Gloria Grahame, la jolie actrice fétiche de Nicholas Ray, endosse le rôle de la maitresse fatale, sous ses airs enjôleurs trompeurs. La conclusion brutale et violente de ce Masque Arraché achève de le rendre tout à fait intéressant et digne d’une découverte. La psychologie tortueuse que l’on nous sert ici sort des schémas parfois simplistes de tant de thrillers basiques des années 50.
ANNEE DE PRODUCTION 1952.