En mai 1940, Julien Maroyeur, modeste électricien décide de fuir avec sa femme et sa fille, pour échapper aux Allemands. Mais dans le train bondé, ils sont séparés. Les hommes sont parqués dans des wagons à bestiaux. Plus tard, Julien fait la connaissance d’Anna, une jeune juive allemande, qui fuit ses compatriotes, car elle se sait en danger de mort.
Pierre Granier-Deferre, solide metteur en scène français à qui l’on doit Le Chat et La veuve Couderc, adapte à l’écran le livre de George Simenon. Son travail sur le scénario avec l’aide de Pascal Jardin aux dialogues est remarquable et rend parfaitement l’ambiance de l’exode massive de 1940 de centaine de français, au prix de leur vie, souhaitant trouver refuge dans un ailleurs plus sécurisant. L’essentiel de l’action se déroule donc dans un train où des dizaines de personnes cohabitent avec leurs différences, leurs peurs, leurs désirs de vivre coûte que coûte. Parmi eux, un couple miraculeux va se former et le cinéaste va progressivement concentrer sa caméra sur leurs visages, leur approche, et enfin sur leur intimité au milieu de la tourmente. Ponctuant son récit d’images d’archives en noir et blanc pour rappeler quelle fut l’horreur de cette sale période, le film se veut lumineux malgré tout, avec des plans de notre belle campagne baignée de soleil.
L’autre point fort est la partition musicale composée par Philippe Sarde et dont les envolées lyriques provoquent une très forte émotion. Et puis, en excellent directeur d’acteurs, Granier-Deferre a réuni un couple magnifique formé par Jean Louis Trintignant, sobre mais solide comme un roc, et Romy Schneider, foudroyante de beauté et de justesse. En seulement quelques regards et sans même ouvrir la bouche, elle irradie ce beau film aux accents graves. Un duo de cinéma donnant la chair de poule dans une scène finale tragique, où la plus grande douceur côtoie la fureur des hommes.
ANNEE DE PRODUCTION 1973.