LE VOILE BLEU

Louise Jarraud, jeune trentenaire, perd coup sur coup pendant la guerre de 14 son mari au front, puis dans la foulée, leur bébé à la naissance. Elle décide alors pour surmonter sa douleur infinie de devenir gouvernante et voue sa vie aux enfants des autres. Elle passe ainsi de famille en famille et élève des garçons et des filles dont les parents ne sont pas présents pour assurer leur responsabilité. Elle en oublie totalement de vivre pour elle et ne se construit aucun avenir…

Le réalisateur Jean Stelli n’a pas laissé de traces indélébiles dans les annales du cinéma français, si ce n’est ce Voile Bleu et ce pour une seule raison très basique: le film fut un triomphe sur les écrans pendant la période de l’Occupation. Et certainement pas pour ses éventuelles qualités scénaristiques! Ce mélo invraisemblable, célébrant à grands cris les vertus du don de soi et de la « bonne conduite » féminine, ne pouvait que plaire dans cette France dirigée par Pétain, érigeant l’héroïne du film en sainte garante des valeurs morales et familiales! Dès le départ, la charge lacrymale pèse 100 kilos avec ce personnage de mater dolorosa simultanément veuve et perdant aussi son bébé, sacrifiant ses désirs de femme pour devenir nurse. En soi, un louable métier bien sûr, mais au niveau du récit, sans doute aurait il fallu y mettre davantage de subtilité et de finesse pour créer des émotions sincères. Or, là, tout est surligné (au stabylo), tout est exagéré, tout n’est qu’outrance et aucune mièvrerie ne nous est épargné! Stelli n’avait aucun sens de la mesure, ni celui (plus dommageable) de la mise en scène. Autant dire que 80 ans après, le film n’a pas passé l’épreuve du temps, délivrant des séquences tellement larmoyantes qu’elles en sont presque risibles.

Quelques grands noms de l’époque traversent cette pauvre intrigue (Elvire Popesco, Noel Roquevert, Pierre Larquey, Denise Grey la future mamie de La Boum), tous relégués au second plan pour laisser une place écrasante à la vedette féminine: Gaby Morlay, actrice aujourd’hui oubliée, fut une star durant les années 20 et 30: physique assez ordinaire, jeu affecté et dans cette partition de gouvernante altruiste, elle décrocha le pompon à l’orée de la cinquantaine. Hélas, son personnage manque tellement de nuances qu’on a même du mal à reconnaitre ses talents d’interprétation! Que ce drame soit daté n’est finalement pas le plus grave, c’est sa niaiserie de chaque instant qui achève de le rendre si mauvais!

ANNEE DE PRODUCTION 1942.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Ce mélodrame sans aucune finesse avait tout pour plaire sous la France de Pétain: valeurs morales, sacrifice. Mièvre comme c'est pas permis! Gaby Morlay fit chougner dans les chaumières avec son rôle de mère courage.

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