Peu avant la guerre, Lee Miller est une jeune femme insouciante, profitant de la vie avec ses amies. Pourtant, quand le conflit mondial éclate, elle se décide à postuler à Vogue Magazine en tant que photographe. Partie ensuite sur le Front pour témoigner des horreurs sur place, elle n’a que son courage et son talent pour braver les refus et les conventions…
Ancienne chef opératrice, Ellen Kuras passe à la mise en scène avec l’adaptation du roman d’Antony Penrose « Les Vies de Lee Miller« , consacré au parcours professionnel de celle qui fut une des rares femmes photographes à couvrir les différents épisodes de la Seconde Guerre Mondiale. Sur le principe, ce biopic promettait beaucoup d’émotions, car il devait retracer le destin d’une artiste encore assez méconnue du grand public, ayant traversé les tourments de l’Histoire. A l’arrivée, c’est la douche froide! Lee Miller méritait mieux que cette évocation pataude, académique, où bien entendu les faits nous sont racontés en flash backs (un procédé tellement facile et usé jusqu’à la corde!) et malheureusement la réalisation de Kuras, dénuée de toute personnalité, condamne vite le film à l’anodin et à la fadeur. Un comble quand on sait que le récit est censé nous bouleverser, et le plus gros souci réside dans le fait que le sujet principal (la photographie comme passion et moyen de communication) se trouve largement survolé. On ne sent jamais dans la narration l’urgence de rendre compte, comme est la devise de tout reporter de guerre. Par contre, le film insiste lourdement sur le sexisme dont a été victime Lee Miller, le manque de considération des hommes, comme en écho à notre monde moderne où le féminisme doit encore lutter pour s’imposer. Dès lors, le biopic surnage dans le conventionnel et laisse un sentiment médiocre.
En tête d’affiche, la vaillante Kate Winslet incarne la photographe avec toutes ses capacités (encore qu’on l’a connue plus émouvante dans The Reader ou Les Noces Rebelles notamment), mais n’arrive pas à imprimer fortement le personnage. Dans des participations presque anecdotiques, Marion Cotillard et Noémie Merlant tiennent des rôles peu approfondis. Le devoir de mémoire rattaché au travail de Miller apparait plus nettement dans l’exposition de ses véritables clichés que l’on peut enfin voir dans le générique de fin que dans toute la totalité de ce film supposé lui rendre hommage. Un documentaire aurait été certainement plus approprié que cette « fiction » sage… comme une image!
ANNEE DE PRODUCTION 2024
