Léon est un tueur. Un de la pire espèce. Introuvable, indétectable. Son ombre est comme une menace permanente sur New York. indestructible Léon? Oui! Jusqu’à ce qu’une petite souris nommé Mathilda rentre dans son univers. Une gamine de 12 ans aux yeux immenses.
Après le phénomène Le Grand Bleu et le très réussi Nikita (encore de loin son meilleur film), Luc Besson, « enfant » terrible des années 80 triomphantes, entreprend d’aller tourner aux Etats Unis pour décrocher une stature internationale. Une belle ambition pour ce cinéaste venu de la pub et signant là un film d’action musclé, tempéré toutefois par une tendresse étonnante chez lui, puisqu’il raconte en même temps l’alliance improbable d’un tueur à gages et d’une gamine orpheline attachante qu’il a sauvé d’une mot certaine dans une tuerie. Ce Léon contient certainement tout ce qui fait l’essentiel du cinéma de Besson: c’est à dire un étrange mélange de franches qualités et d’irrémédiables faiblesses! Du côté du positif, une manière de filmer assez virtuose, de l’inventivité dans les plans, bref une mise en scène survoltée et dont la maitrise n’est pas à discuter. Au niveau de l’écriture en revanche, l’auteur de Subway propose un scénario approximatif, des dialogues calamiteux (la multiplication des « OK! » frise l’indigestion), des enjeux narratifs limités, à peine digne d’un médiocre blockbuster américain chargé en testostérone. Certes, la relation entre le héros et cette toute jeune fille peut par moments toucher la corde sensible, mais il n’empêche qu’elle est un brin factice et d’une naïveté confondante.
Le film a malgré tout trouvé son public (et même bénéficié d’un certain culte) grâce à son casting inattendu. Si Jean Reno rempile dans le même emploi de « nettoyeur » qu’il tenait dans Nikita, avec ses deux expressions en guise de jeu ultra typé, la révélation du talent précoce de Natalie Portman (douze ans, coupe à la Louise Brooks et tempérament original) fit fureur à juste titre. Et enfin, l’autre point fort réside dans l’interprétation habitée de Gary Oldman en flic pourri, carrément terrifiant de dinguerie. Ni très bon, ni très mauvais, Léon constitue un pilier esthétique dans le parcours de Besson, plaisant à regarder, sans laisser de traces profondes en nous.
ANNEE DE PRODUCTION 1994.