Sarah Tobias, une jeune et jolie femme, s’égare un soir dans un bar et après quelques verres de trop, elle se fait draguer par un client insistant. Hélas, d’autres hommes du bar se joignent à lui et finissent par violer Sarah. Elle porte plainte, soutenue par une avocate pugnace, Katryn Murphy. Les violeurs sont condamnés, mais l’affaire prend une autre tournure lorsque ce sont les témoins présents ce soir là et qui ont assisté au viol sans intervenir qui sont poursuivis…
Jonathan Kaplan est un réalisateur américain qui a connu son plus grand succès avec ce film à thèse, sur le sujet douloureux du viol d’une jeune serveuse. Etant donné que la fille a une attitude légère, qu’elle picole un peu et qu’elle est entrée seule dans un bar, elle devient vite plus coupable que victime de son agression. Et justement le film veut démonter ses clichés misogynes, avec une honnêteté louable et une conviction sincère. Le scénario est limpide, accrocheur, le drame poignant et le combat pour la dignité de cette femme nous émeut véritablement. Le personnage de Sarah n’est pas manichéen et elle assume autant ses zones d’ombre que ses blessures, ce qui la rend encore plus attachante. La séquence du viol provoque un vrai malaise, d’abord parce qu’elle est filmée crûment et puis parce qu’elle est réaliste, Kaplan n’a pas lésiné sur les images choc pour frapper les esprits. Il fut même taxé de complaisance, pourtant il se contente de montrer l’acte dans ce qu’il a de plus odieux.
Ce plaidoyer contre le viol se double d’un très beau portrait de femme brisée, formidablement interprété par Jodie Foster, habitée par ce rôle difficile et pesant. Jouant avec une redoutable efficacité et une grande nuance des scènes très douloureuses, comme sa confession face caméra au procès, devant ceux qui ont regardé son calvaire sans lui porter secours. Elle remporta son premier Oscar de la meilleure actrice, trois ans avant Le Silence des Agneaux. Sa partenaire, Kelly Mc Gillis, s’en sort aussi très bien avec une belle autorité dans son personnage d’avocate acharnée et décidée à obtenir Justice. Le film a quelques moments plus « flottants » lors du prétoire, mais emporte globalement l’adhésion grâce au courage qu’il a fallu pour traiter un propos aussi complexe et déplaisant. Les Accusés vaut autant pour la performance de ses comédiennes que pour son caractère nécessaire.
ANNEE DE PRODUCTION 1988.