A la suite de morts suspectes, Inès Léraud, une journaliste d’investigation, décide de s’installer en Bretagne pour enquêter sur le phénomène des « algues vertes ». A travers ses rencontres, elle découvre la fabrique du silence entourant ce désastre écologique et social. Face aux pressions des locaux, parviendra t’elle à faire la lumière sur cette affaire et triompher la vérité?
Le fait n’est pas nouveau: le cinéma s’attaque depuis un bon moment à mettre à jour des scandales sanitaires et des dérives écologiques gravissimes pour l’environnement, tout en racontant des histoires souvent réelles et en tentant d’alerter sur l’état de notre planète. Ces dernières années, des films comme Erin Brockovich ou Dark Waters ont fleuri aux Etats Unis et ont considérablement aidé à soulever des problèmes de santé publique que les gouvernements essaient souvent de passer sous silence. En France, les récents Goliath et Rouge, furent également des marqueurs forts dans ce domaine. Nous parvient aujourd’hui l’adaptation d’une BD, elle même tirée de l’enquête de la journaliste Inès Léraud, ayant pour sujet les fameuses « algues vertes » bretonnes, responsables de morts d’animaux et d’humains. En pourrissant, ces algues dégagent en effet de l’hydrogène sulfuré mortel et dont le danger a été largement sous estimé par les pouvoirs publics. Le cinéaste Pierre Jolivet, un peu en deveine depuis une bonne décennie, revient au premier plan avec ce drame social solidement documenté, didactique juste ce qu’il faut sans tomber dans l’énumération de faits rébarbatifs, et avec un scénario prenant à l’appui. Le propos est clair, la dénonciation des techniques industrielles de l’agroalimentaire (ultra puissante évidemment) nette et précise, et le film décrit un implacable système de corruption opérant à des niveaux quasi intouchables.
Pratiquement de tous les plans, Céline Sallette, très bonne actrice à qui il manque encore LE rôle pour la consacrer définitivement, se montre tout à fait investie en lanceuse d’alerte révoltée. Un prolongement du personnage qu’elle tenait déjà dans le récent Rouge en 2021. A ses côtés, quelques seconds rôles intéressants comme Julie Ferrier incarnant l’épouse d’un joggeur mort et qui n’ose pas attaquer en justice les négligences de l’Etat, ainsi que la moins connue Nina Meurisse, plus abonnée aux troisième rôles d’habitude. Jolivet peut se targuer d’un joli « retour » en grâce avec ce film « dossier » nécessaire, à voir sans hésiter.
ANNEE DE PRODUCTION 2023.