Le Docteur Stephen, passablement timbré et maladivement jaloux, surprend sa femme Muriel dans les bras de son amant. Il les enferme, les torture à petit feu, avant de les électrocuter. Avant de mourir, Muriel lui promet que même d’outre tombe, elle le tourmentera jusque dans les tréfonds de son âme. Peu après, il se remarie avec la soeur de la défunte, Jenny, une femme fragile mentalement qu’il peut manipuler à sa guise…
Cinq ans après le grand classique du genre fantastique Le Masque du Démon, le gothique italien se portait encore très bien avec des oeuvres sorties pour la plupart en catimini, dont ces Amants d’Outre Tombe, restée longtemps invisible chez nous. Réalisé par Mario Cattano, sous le pseudonyme de Allan Gunenwald, cette bande horrifique part sur la base d’un scénario assez retors d’un médecin fou, meurtrier de sa femme, qui va se retrouver le jouet d’une vengeance terrible de la morte, comme une malédiction jetée sur lui. Peu de crédibilité donc au niveau de la narration, mais un festival de thèmes abordés avec un plaisir non dissimulé par une mise en scène élégante et servie par un joli noir et blanc! Du sadisme, du macabre, du sordide à gogo délivré avec délice. Et en point d’orgue, un autre thème intéressant: celui du double, puisque les deux femmes du récit, la brune Muriel et la blonde Jenny, sont deux mêmes entités, aux traits similaires, l’une démoniaque, l’autre plus angélique, en tout cas ambivalentes toutes les deux et apportant une vraie complexité à une narration par ailleurs plutôt lente et installant tranquillement son intrigue.
Cattano sait surtout ménager son suspense avec une belle ambiguité et une ambiance malsaine, faite de petits riens, englobe le film d’un halo singulier. Même en étant pas fan de gothique ou de cinéma Bis (clairement assumé ici, car le budget n’est pas énorme), il est difficile de résister au charme vénéneux de cet opus placé sous le signe d’une épouvante « classieuse », jusque dans les maquillages des « fantômes » vengeurs, bien confectionnés. Clou absolu: la présence de Barbara Steele, l’actrice du Masque du Démon, au faciès si particulier, jouant là un double rôle et vampirisant ainsi toute l’action. Cette valeur ajoutée EST le supplément d’âme de ces amants diaboliques.
ANNEE DE PRODUCTION 1965.