En 1945, la Seconde guerre mondiale est terminée, mais le mari de Grace n’est pas rentré du front. Dans une immense demeure victorienne isolée sur une île, la jeune femme pieuse élève seule ses deux enfants, Anne et Nicolas. Atteints d’un mal étrange, ils ne peuvent être exposés à la lumière du jour. Ils vivent donc reclus dans une obscurité quasi permanente. De nouveaux domestiques se présentent à Grace pour travailler chez elle…
L’espagnol Alejandro Amenabar a débuté sa carrière ciné avec un thriller marquant Tesis, qui avait fait grand bruit. Aidé à la production par Tom Cruise, il réalise ce film fantastique avec une aisance financière conséquente et propose un scénario, librement adapté du Tour d’Ecrou d’Henry James. Il peaufine sa réalisation, élégante et très soignée, tant au niveau des lumières, des cadrages et aussi de son décor principal: cette demeure où toute l’action se joue est un véritable personnage à part entière, elle baigne dans une atmosphère d’étrangeté très bien restituée. Au niveau du récit, Amenabar ne souhaitait pas faire un film de maison hanté traditionnel et donc il utilise très peu d’effets spéciaux (une qualité aujourd’hui devenue denrée rare!) préférant mettre l’accent sur l’ambiance, sur les bruits angoissants, et les portes qui claquent. Hitchcock n’aurait pas désavoué ce style chérissant le macabre et l’anxiété pure.
Pourtant, le huis clos fantastique plein de faux semblants et de coups tordus, au delà de ses qualités évidentes, souffre, à mon sens, d’être sortie moins de deux ans après le fameux et indépassable Sixième Sens. Sur le thème des fantômes, la résolution finale (et surprenante) est exactement la même et hélas, Amenabar ne réussit pas à s’en émanciper, d’où une franche déception quant à la pirouette scénaristique du dernier quart d’heure. De plus, si Nicole Kidman est loin d’être mauvaise, elle surjoue un peu trop souvent l’épouvante, avec ses grands yeux exorbités et un maniérisme trop voyant. Les Autres se laisse donc aisément regarder pour sa mise en scène efficace, mais ne mérite pas vraiment le flot d’éloges exagéré qu’il a reçu, lors de sa sortie.
ANNEE DE PRODUCTION 2001.