Toutes les chansons d’amour racontent la même histoire, peu ou prou: trop d’amour, ou pas assez, désir ou sentiments, à sens unique ou partagé, à la vie à la mort, etc…
Découvert avec 17 fois Cécile Cassard en 2002, le réalisateur Christophe Honoré avait placé son début de carrière sous le signe du drame, en enchainant avec une adaptation du roman de Bataille, Ma Mère. Pour ce quatrième long métrage, il utilise de nombreuses références à son cinéaste de chevet, Jacques Demy, pour structurer le corps de son récit: en divisant le script en trois parties (Le Départ, l’Absence, Le Retour) il emploie le même procédé que celui des Parapluies de Cherbourg. Comme le titre l’indique, il s’agit d’une comédie musicale dans laquelle les personnages expriment leurs sentiments divers à travers des chansons qu’ils fredonnent au milieu de conversations. Plutôt que de comédie, il faudrait parler de drame musical, tant la gravité imprègne cette histoire, au milieu de sujets comme l’amour, le sexe, le triolisme, la famille, surgit soudainement la mort comme pour mettre un coup d’arrêt à une mécanique trop bien huilée. Honoré se perd dans les lieux communs et ce qui se voudrait être une tragédie contemporaine ressemble davantage à une bluette peu consistante. La mièvrerie des chansons composées par Alex Beaupain et interprétées par les acteurs eux mêmes n’aide pas à adhérer facilement à cette entreprise hasardeuse. Chez Demy, la légèreté faisait toujours partie de son ton général et mettait du baume au coeur avant de basculer dans la gravité: le personnage d’Ismaël agace plus qu’il ne séduit et le deuil de sa bien aimée ne nous touche guère. Son aspect « roman photo » condamne le film à une fadeur bien regrettable.
Quant aux comédiens, ils ont le mérite de ne pas être doublé pour les chansons et s’en sortent inégalement. Louis Garrel témoigne d’une grâce singulière malgré un jeu toujours un peu « figé », Ludivine Sagnier trimballe son joli minois avant d’être sacrifiée en cours de route, Chiara Mastroianni entre pour la première fois dans l’univers d’Honoré (devenant ensuite son actrice fétiche jusqu’au récent Marcello Mio). Encensé par la critique (intello surtout), Les Chansons d’Amour semblent avoir fait illusion par le fantôme de Demy, partout présent. De ce fait, on peut légitimement se demander si Honoré n’est pas ainsi devenu un cinéaste surestimé.
ANNEE DE PRODUCTION 2007.