Daphné, enceinte de trois mois, vit avec François, le cousin de Maxime. Ils partent à la campagne, mais François doit s’absenter pour son travail. Maxime, que Daphné ne connait pas, vient passer quelques jours. Tout en se promenant, Daphné et Maxime se racontent leurs mésaventures amoureuses…
Grand habitué des comédies sentimentales légères, Emmanuel Mouret a déjà signé quelques films sympathiques et bien troussés comme Un baiser, s’il vous plait! ou plus récemment Mademoiselle de Joncquières et persiste dans cette veine qui lui sied plutôt bien. Avec ce nouveau métrage, il synthétise tous ces thèmes favoris et délivre avec délicatesse et bonheur ces histoires d’amours qui se croisent, se télescopent et se répondent, à la fois toutes pareilles et profondément uniques. Le romanesque, accentué par le fait que ce sont les personnages qui racontent eux mêmes leur parcours, est constitué de quiproquos, de mensonges, de petites trahisons, de désirs contradictoires et de grands sentiments. Justement ici, on nage en pleine variation des sentiments, confus souvent, fulgurants, ambivalents et causant autant de plaisir que de peine. Mouret tisse un récit d’une grande richesse, agrémenté de dialogues très écrits mais qui coulent avec harmonie. La ronde amoureuse à laquelle on assiste bouillonne d’intelligence et de sensibilité surtout. Sa mise en scène n’est jamais époustouflante, mais par contre elle reste au service de la narration et en cela, il n’y a pas d’esbrouffe, pas de roublardise.
Ce marivaudage à la fois exquis et douloureux (l’un n’empêche pas l’autre) contourne les pièges d’un sujet pourtant éculé, et l’amour est vu de différentes façons, de manière non linéaire, gardant sans cesse un intérêt constant, que les multiples intrigues apportent leur lot de « suspense ». Certes, les considérations amoureuses peuvent sembler bavardes par moment, mais ce n’est pas en pure perte: une grâce indicible parcourt tout le film. Sûrement aussi par la contribution d’une jolie brochette d’acteurs: Camélia Jordana (un talent à suivre de près), Niels Schneider (de plus en plus intense), et une mention spéciale pour Vincent Macaigne, encore une fois extraordinaire. En guise de cadeau ultime, la prestation d’Emilie Dequenne demeurera vive pour longtemps. Emmanuel Mouret réalise une symbiose peu commune: celle de l’élégance et de la gravité.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.
