Marguerite Muir se fait voler son sac à main en pleine rue. Georges Palet retrouve ensuite son portefeuille dans un parking et le ramène à la police. Marguerite lui téléphone pour le remercier. Il lui dit son désir de la rencontrer. Elle refuse, il insiste et finit par trouver son attitude insupportable. Et pourtant…
Alain Resnais aura tourné, tel un jeune homme, jusqu’à l’âge très vénérable de 90 ans! En témoigne un de ses derniers films, ces Herbes Folles, adapté d’un roman de Christian Gailly intitulé L’Incident. Il en a gardé l’idée de départ (un simple vol de sac à main) et a brodé autour de cet élément « anodin » un script fantaisiste, se fichant de toute logique narrative, envoyant valser le réalisme et tissant des dialogues parfois incongrus. La rencontre improbable entre cette dentiste passionnée d’aviation et cet homme marié qui pourrait être (sans certitudes) un psychopathe obsédé sort de l’ordinaire, c’est le moins qu’on puisse dire, et explore des zones de comédie que Resnais avait jusque là peu emprunté. Jouant sur le contraste entre la drôlerie de certaines scènes (les deux policiers venant rappeler à l’ordre sur son comportement le harceleur) et l’inquiétude d’autres passages (Georges va t’il agresser une femme comme le suggère ses pulsions, dont on a vent par sa voix intérieure?). Les Herbes Folles déconcerte à vrai dire pas mal dans un premier temps, puis gagne notre intérêt progressivement, avec un charme tout à fait discret mais bien réel. La galerie des personnages secondaires (l’épouse complaisante, la bonne copine confidente, le policier) ajoute une amusante dose d’espièglerie à ce scénario « somme » (l’amour, le désir, l’absurde et l’ombre de la mort s’y côtoient).
Doté d’un casting hors pair, et de nouveau avec ses acolytes fétiches, le film met en scène le couple Sabine Azéma/André Dussollier (pour la sixième fois), se tournant facétieusement autour, entre hésitations, empêchements, maladresse. Accompagnés par Anne Consigny, Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric, Michel Vuillermoz et même dans des tout petits rôles, Sara Forestier et Nicolas Duvauchelle. Ce « faux » vaudeville amoureux respire la liberté de créer, d’inventer, de tout se permettre et de privilégier le ludique à du trop grand sérieux. Le cinéma de Resnais ne ressemble décidément à aucun autre.
ANNEE DE PRODUCTION 2009.