Charlot le vagabond rencontre par hasard une jeune et jolie fleuriste aveugle. La détresse et le charme de la jeune fille l’émeuvent aussitôt. Il lui donne le peu d’argent qu’il a, et elle le prend pour un homme aisé, il se garde bien de la détromper. Peu après, il sauve la vie d’un millionnaire au bord du suicide. Ce dernier est alcoolique et rarement sobre, il offre à Charlot son amitié… qu’il lui retire dès qu’il se réveille dégrisé! Le but principal du vagabond est de subvenir aux besoins de la fleuriste, coûte que coûte…
En pleine explosion du cinéma parlant, Charlie Chaplin, intimement convaincu que seules les images sans paroles suffisent pour combler son public, il s’attaque à City Lights en conservant le muet qui a fait toute sa gloire. Il voulait réaliser une oeuvre romanesque en pantomime, et le mélange de mélo et de burlesque qu’il invente va lui valoir un immense triomphe. Le récit, en apparence décousu, multiplie les séquences demeurées cultes, entrainant pour la première fois Charlot dans le « monde » des riches, par le biais du personnage du millionnaire, un excentrique solitaire, constamment bourré et qui fait du vagabond son ami. Du moins le temps de ses soirées arrosées! Ce pitch plutôt rigolo est réhaussé par une « romance » magnifique entre notre petit héros et une fleuriste atteinte de cécité, dont il s’éprend et qui sera la touche romantique de son film. Des saynètes d’une drôlerie irrésistible (le coup du sifflet avalé lors d’une party mondaine, le repas du Nouvel An dans un restaurant occasionnant multiples quiproquos, et surtout un combat de boxe hilarant resté dans les annales) se mêlent à des moments de pure poésie, comme Chaplin savait le faire comme personne.
Cet équilibre parfait entre les rires et les larmes était un des très nombreux talents de l’auteur du Dictateur, et pas besoin de mots inutiles pour créer l’émotion et faire battre nos coeurs. La jolie Virginia Cherrill ne fut l’actrice que de ce seul chef d’oeuvre, mais son visage mélancolique a hanté des millions de cinéphiles à travers le monde. Rajoutez à cela une musique déchirante composée par Chaplin lui même sur l’air de La Violetera et surtout un final d’une beauté bouleversante et pourtant d’une simplicité désarmante et vous obtenez du grand Art. 90 ans après, le miracle opère toujours: un regard, une fleur, un sourire et en seulement deux minutes, tout est dit entre deux êtres.
ANNEE DE PRODUCTION 1931.
