A la suite d’un événement bouleversant, une bande d’amis décide malgré tout de ne pas annuler leurs vacances au bord de la mer comme chaque année. Leur amitié, leurs certitudes, leurs culpabilité en seront ébranlés. Ils vont devoir lever les petits mouchoirs sur leurs secrets et mensonges.
L’amitié a servi de thème précieux à des oeuvres devenues mythiques: rappelez vous La Belle Equipe de Duvivier, Vincent François Paul et les autres de Sautet, Les Copains d’abord de Kasdan. Après le méga carton de Ne le dis à personne, Guillaume Canet entreprend le film de potes par excellence, convoquant des acteurs déjà habitués à son univers et pour certains de vrais amis à la ville, ce qui renforce évidemment l’aspect « authentique » du récit. Ces Petits Mouchoirs oscille entre comédie et drame, faisant toutefois une plus large part à la légèreté et à la rigolade, grâce à un scénario naviguant d’un personnage à l’autre, traitant de leurs amours compliquées ou malheureuses, décrivant l’aptitude de chacun à mentir sur ses vrais ressentis, comme si entre amis il valait mieux tricher pour que le groupe reste soudé. La réalisation ne manque pas de tonus, même si par moments le style Canet accuse aussi une tendance à se la « couler douce ». Bien sûr, il y a des séquences drôles et tendres dans cet opus générationnel plutôt prévisible et destiné à déclencher un maximum d’identification auprès du public. Canet a pourtant la main lourde sur la durée (2H30 bien trop longues) et aurait dû resserrer drastiquement son montage. Quant à la dernière partie, elle verse dans le mélo lacrymal insistant et dès lors, l’émotion ne passe pas facilement: plus un réalisateur cherche à faire pleurer sans subtilité, moins il y parvient hélas! Heureusement, il se dégage de l’ensemble une bonne humeur, une chaleur humaine qui emportent notre adhésion.
Dire que l’autre intérêt majuscule réside dans le casting relève de l’évidence. Ainsi, Canet dirige de nouveau François Cluzet en quadra énervé et passablement tendu, Marion Cotillard hérite du rôle de la copine cool incapable de se caser avec un mec, Benoit Magimel incarne un homme habité par un secret inavouable. Derrière ce trio, les autres jouent aussi leur partition sans démériter comme Gilles Lellouche (dévoilant même un côté sensible qu’on ne lui connaissait pas alors) ou Laurent Lafitte en amoureux acharné. Les femmes (Valérie Bonneton, Pascale Arbillot, Anne Marivin) occupent des emplois un tantinet moins fouillés. Au final, Les Petits Mouchoirs , chronique douce amère, ne révolutionne pas grand chose mais jongle assez bien avec ses qualités et ses défauts.
ANNEE DE PRODUCTION 2010.