Tom et Evelyn, un couple de touristes anglais, visitent le Sud de l’Espagne, au plein coeur d’un été caniculaire. Arrivés un beau matin sur la petite ile tranquille d’Almoroza, ils découvrent un village déserté, s’étonnent de ne croiser que des enfants à l’attitude étrange. Cherchant les habitants, ils vont découvrir une impensable vérité…
L’espagnol Narciso Ibanez Serrador ne fut bizarrement l’auteur que deux longs métrages de cinéma, mais quels films!! Le premier, La Résidence, oeuvre sulfureuse sur les perversions multiples dans une maison de redressement pour jeunes filles amorales, et ce second titre, fleuron fondamental du genre fantastique. Proche dans l’esprit du Village des Damnés ou de La Malédiction, mettant en scène des enfants devenus soudainement hostiles aux adultes au point de les éliminer, ces Révoltés intrigue d’emblée par un prologue de près de sept minutes retraçant, avec images d’archives à l’appui, le sort des enfants à travers l’Histoire du XXe siècle. Extermination par les nazis, famines en tous genres, guerre du Vietnam, etc… pourraient elles métaphoriquement expliquer le déchainement de violence brutale de ces gamins à l’apparence « normale » et déployant une animosité féroce? Serrador ne fait pas dans l’horreur stylisée, au contraire il préfère le réalisme le plus cru (et donc plus dérangeant) pour filmer ces chérubins se livrer à des tueries de masse. De même, il privilégie de situer l’action en plein jour, sous un soleil de plomb, pour aller à contre courant des productions horrifiques se déroulant presque toujours à la nuit tombée. Comme pour nous forcer à voir l’inimaginable se produire sous nos yeux! Traumatisant parce que sans explication rationnelle, Les Révoltés de l’An 2000 installe un malaise insidieux qui nous gangrène jusqu’à son final d’un pessimisme surprenant.
Le couple de touristes pris en chasse est joué par Prunella Ransome et Lewis Fiander, compétents dans leurs rôles respectifs mais n’ayant ni l’un ni l’autre fait de carrière mémorable ensuite. Serrador excelle dans sa description d’un monde en perte de repères, livré à un chaos défiant toute logique, avec une subversion telle que le film fut interdit aux moins de 18 ans dans de nombreux pays dès sa sortie. Le festival d’Avoriaz lui décerna le Prix de la Critique pour son audace et son épouvante inhabituelle et marqua une date clef dans le cinéma fantastique mondial.
ANNEE DE PRODUCTION 1976.
