Sur une plage de Nice, François, scénariste de télévision, rencontre Peggy dont il tombe amoureux. Peggy habite une villa gardée par l’inquiétant Albert et entretient des rapports troubles avec Marc Rilson, son avocat. Celui ci apprend à François que Peggy est toxicomane, qu’elle a tué son mari et qu’elle peut encore assassiner tout homme tentant de l’approcher. François ne croit pas Marc, mais d’autres meurtres vont être commis…
D’après un bouquin de Richard Matheson, voici un des films les plus curieux et inhabituels de la carrière de Georges Lautner, réalisateur de comédies ou de policiers en temps normal et qui lorgne cette fois plutôt du côté du polar dramatique. Agrémenté même d’un petit hommage au giallo italien de Bava et d’Argento, alors en vogue à l’époque et leurs films truffés de meurtres sanglants, se déroulant dans des ambiances étranges. En effet, le film vogue sans cesse entre plusieurs genres, avec pas mal d’habilité et d’audace, et ne semble jamais aller là où l’on croit. Ce récit plein de surprises, savamment mené, nous présente des personnages atypiques et pour le moins imprenables. A l’instar de son héroïne, Peggy, une jeune femme blonde secrète, possiblement psychopathe et dont la frigidité pourrait se révéler dangereuse, rappelant quelque peu la Marnie d’Hitchcock. Lautner maitrise sa narration, même si celle ci n’est pas dénuée de défauts ou de maladresses, mais globalement le suspense et l’intérêt ne faiblissent pas.
Alain Delon est à l’origine de ce projet, l’a produit et mis en chantier pour offrir à Mireille Darc, dont il partage la vie, un rôle ambigu et plus dramatique que l’actrice n’avait encore jamais tenu. Elle y est tout à fait crédible et ne force jamais les « symptômes » de sa folie supposée, son jeu est indiscutablement à saluer. Face à elle, Claude Brasseur, formidable en homme amoureux et victime des circonstances, ainsi que Delon lui même (tant qu’à faire!) incarne un avocat mystérieux, aux intentions louches. Les Seins de Glace peut tout aussi bien être considéré comme un trio amoureux impossible, aboutissant à une tragédie inévitable, et la très belle partition musicale de Philippe Sarde confirme ce diagnostic, car il n’a pas composé un thème de film policier « classique ». Au final, une oeuvre compliquée à catégoriser. Et c’est à prendre comme un compliment…
ANNEE DE PRODUCTION 1974.