Louise, esthéticienne au Mans, vient passer trois jours chez sa soeur Martine, une femme au caractère difficile et agressif. Elle a apparemment tout pour être heureuse (argent, mari et enfant) mais semble incapable d’en jouir et d’aimer sa vie. Très vite, la bonne humeur et l’extravagance de tempérament de Louise l’exaspère au plus haut point. Les retrouvailles vont virer à l’aigre…
Dans le domaine de la comédie opposant deux personnalités qui n’ont rien pour s’entendre, le cinéma nous a abreuvés d’oeuvres utilisant ce canevas, car il est souvent drôle d’observer les agissements et les réactions d’êtres humains obligés de composer et de supporter en serrant les dents les travers de l’autre. Pour son premier long métrage, la réalisatrice Alexandra Leclère puise dans les rapports complexes entretenus par deux soeurs, l’une, parisienne revêche handicapée du sentiment et l’autre, provinciale pimpante et trop extravertie, et tisse un récit que l’on pourrait craindre de téléphoné au départ, puis qui trouve son cap au fur et à mesure. Certes, les situations paraissent parfois plus attendues que vraiment amusantes, pourtant le schéma élaboré par une mise en scène énergique séduit sans mal et nous entraine dans une série de coups de griffes, de réglements de comptes trouvant leur point culminant lors d’une séquence de repas absolument mémorable. La décontraction, le naturel, l’enthousiasme de Louise provoquent le ressentiment et la jalousie de Martine, engoncée dans une bourgeoisie qui l’étouffe et la rend éternellement insatisfaite donc méchante. En de brefs instants, la tension retombe entre les deux soeurs et retrouve une complicité d’autrefois que les événements de la vie leur a volé.
Pour camper ses frangines dissemblables, Alexandra Leclère dirige un duo d’actrices aux univers là aussi très différents, pour souligner combien elles ne partagent, à priori, aucun trait commun. Isabelle Huppert, l’intello sérieuse, abonnée aux rôles malsains et difficiles est formidable aussi dans la comédie (même si elle est sacrément vacharde!) et hilarante jusque dans ses silences exaspérés. Catherine Frot la rigolote beaucoup plus fréquemment employée dans le genre comique est parfaite dans la peau de cette provinciale tentée par l’écriture et qui croit en sa bonne étoile. Quant aux seconds rôles (François Berléand, Brigitte Catillon), ils sont à l’unisson et complètent admirablement la distribution. Dommage que le scénario se répète un brin et que la fin soit aussi rapide que bâclée, nous laissant un arrière goût inachevé.
ANNEE DE PRODUCTION 2004.
