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LES VESTIGES DU JOUR

Eté 1956. Depuis plus de trente ans, Mr Stevens, majordome, dirige avec rigueur une armée de domestiques dévoués à Lord Darlington, éminent aristocrate britannique aux sympathies pronazies. Il se souvient toujours d’une certaine Sally Kenton, l’intendante, qui a travaillé à ses côtés de nombreuses années…

Après avoir offert une oeuvre subtile et esthétiquement très soignée, Retour à Howards End, le cinéaste américain James Ivory (mais si british dans l’âme) adapte le roman éponyme de Kazuo Ishiguro et réalise de nouveau un film d’un grand raffinement. Posant un regard acéré sur l’aristocratie provinciale anglaise du milieu des années 30, l’intrigue se déroule dans un univers aux rituels absurdes: un château somptueux où coexistent le monde des maitres et de leurs serviteurs, en particulier le personnage principal du majordome, un homme étriqué, ne s’en remettant qu’au devoir de sa fonction, niant presque sa propre existence et refoulant ses sentiments les plus basiques. L’ordre immuable des choses prévaut face à ses opinions, ses battements de coeur pour l’intendante qui l’accompagne et qui voudrait faire naitre en lui un semblant d’épanchement. Ivory fait montre d’une finesse extrême pour étudier les comportements humains, décrypte la rigidité de ce corps ne s’autorisant aucune « défaillance » et les silences autant que le temps qu’il met à les filmer nous en disent bien plus long que des mots. L’analyse sensible des différentes couches de la société britannique, de l’idéologie nazie qui s’infiltre insidieusement chez le maitre des lieux, Ivory nous les donne sans jugement moral, comme un constat terrible dans lequel ses personnages doivent se soumettre et subir. Le plus bouleversant dans cette mise en scène feutrée, c’est bien sur la violence des sentiments réprimés, ce gâchis indicible ressenti bien tardivement par Stevens, presque arrivé au soir de sa vie. La caméra se déplace avec une fluidité imperceptible, ne cherchant pas à créer d’effets grandioses, et pourtant…

L’autre immense qualité des Vestiges du Jour se trouve évidemment dans son interprétation et il est faible de dire qu’elle est de très haute gamme! Anthony Hopkins, droit comme un I, monolithique certes pendant les 2H15 qui passent, mais qui parvient par son génie à rendre cette « non évolution » parfaitement admissible. Du travail d’orfèvre. Quant à sa partenaire, Emma Thompson, qu’il retrouve après Howards End, elle est d’une telle retenue dans sa révolte, d’une rare intensité et nous étreint le coeur par ses émotions à fleur de peau. Le dernier quart d’heure, consacré aux retrouvailles de ces deux êtres qui se sont ratés littéralement à force de sacrifices et d’abnégation, semblable à une tragédie grecque, nous habite longtemps après le mot FIN.

ANNEE DE PRODUCTION 1994.

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Raffinement, intelligence, beauté: un des plus grands films de James Ivory, dont la maitrise exceptionnelle n'a d'égale que ses interprètes: Anthony Hopkins et Emma Thompson au top de leur art.

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