A Londres, en 1888. Un couple de bourgeois loue une chambre à Mr Slade, un homme se présentant comme un savant travaillant la nuit dans une université médicale. Il installe un laboratoire sous les combles. Dans le même temps, les meurtres de prostituées se multiplient à WhiteChapel, tous imputés à un certain Jack L’Eventreur… Scotland Yard est sur les dents!
Dix ans après la belle version bien sombre de John Brahm sur le mythe de Jack L’Eventreur, Hollywood se relance dans une relecture séduisante de cette histoire fascinante avec l’appui d’un cinéaste peu connu, d’origine argentine, Hugo Fregonese. Le résultat n’aurait pu être qu’une énième série B banale, vu la maigreur de son budget et des moyens mis en oeuvre pour reconstituer le Londres de l’époque Victorienne. Et pourtant… Bonne surprise! La mise en scène, influencée par l’expressionnisme allemand, apporte de beaux plans inquiétants, un noir et blanc bien utilisé, et se distingue de plus par un souci de psychologie concernant le personnage de Slade, celui que l’on désigne d’emblée comme un coupable idéal. Fregonese choisit en outre de laisser les meurtres en « hors champ », évitant tout gore ou sensationnalisme, ce qui confère à augmenter l’effroi, l’imagination autour de l’éventreur devenant plus forte encore. La photographie du film restitue le crachin, les fumées, les pavés et les ruelles lugubres de ce vieux Londres.
Enfin, ce Mr Slade est incarné dans le rôle titre par un acteur au faciès très particulier: Jack Palance, vu dans Le Grand Couteau notamment, et qui fait preuve ici d’une ambiguité fort intéressante. Quelque part entre une certaine douceur et une rage incontrôlée, il livre une performance précieuse. Cet opus malheureusement peu considéré dans le cinéma américain défie d’une belle manière les années et mérite tout à fait un regard neuf sur cette approche originale de l’un des criminels les plus célèbres du monde.
ANNEE DE PRODUCTION 1953.
