A Londres, entre 1944 et 1950, John Christie, citoyen apparemment modèle, est en réalité un tueur en série. Se faisant passer pour médecin, il convainc ses victimes qu’ils peut les guérir de leurs maux: des femmes désirant des avortements illégaux font appel à lui, mais il finit par les étrangler et les enterre ensuite dans son jardin ou sa cave. Un jour, le jeune couple Evans loue l’appartement au dessus du sien…
Après Le Génie du Mal et surtout L’Etrangleur de Boston, le cinéaste Richard Fleischer (Soleil Vert, 20 000 lieux sous les mers) clôt sa trilogie de l’horreur criminelle en racontant ce fait divers terrible survenu dans l’Angleterre de l’après guerre: un tueur en série a sévit plusieurs années avant d’être confondu, mais hélas après des dizaines de meurtres par strangulation. L’homme, marié, insoupçonnable, avait fait accuser un pauvre bougre à sa place et la justice condamna le malheureux à la pendaison. Suite à cette erreur judiciaire, les britanniques votèrent massivement pour la suppression de la peine capitale. Fleischer, excellent artisan de studio aux Etats Unis, a tourné son film sur les lieux même des faits, et sa mise en scène très dépouillée, attentive aux détails et au réalisme fait froid dans le dos. Elle se rapproche d’ailleurs d’un documentaire et relate avec précision cette sombre affaire. Le cas clinique de ce serial killer s’avère d’autant plus percutant qu’à l’époque de sa sortie (début de la décennie 70), peu d’oeuvres avaient été consacrées à des portraits de psychopathes. C’est une mode qui se développera plus tard dans le cinéma.
Les séquences de meurtres sont filmées frontalement et Fleischer ne cherche en rien à les adoucir, ainsi que la très brutale scène de l’exécution, qui reste encore aujourd’hui frappante. Pour incarner ce monstre aux deux visages, Richard Attenborough semblait tout indiqué avec son regard à la fois perçant et vide, son jeu magnifique tout en dissimulation et il fait de son interprétation une performance marquante. Face à lui, John Hurt, futur Elephant Man et première victime d’Alien, joue l’innocent pitoyable, que personne ne croit et qui sera sacrifié, incapable de se défendre devant une justice aveugle. Cette peinture sociale pessimiste de l’Angleterre reste en tout cas un remarquable film à suspense et un plaidoyer contre la peine de mort, sûrement encore plus abouti que son autre film déjà brillant, L’Etrangleur de Boston.
ANNEE DE PRODUCTION 1971.