A Chicago, un bébé alligator, appartenant à une petite fille, est jeté un jour par son père dans les toilettes et se retrouve dans les égoûts. En grandissant, il est attiré par le monde extérieur, qu’il va trouver de plus en plus à son goût, devenant un dangereux prédateur…
Quelques années après Les Dents de la Mer qui fut un véritable choc pour le public du monde entier, les agressions animalières deviennent courantes au cinéma et plusieurs cinéastes s’emparent du phénomène. Comme Lewis Teague, futur réalisateur du très angoissant Cujo d’après un livre de Stephen King, qui signe ce bon film d’horreur avec en vedette un énorme croco mangeur d’hommes, lassé de rester terré dans les égoûts d’une grande ville et décidant de faire de la population un vrai buffet à volonté! Teague travaille avec John Sayles, le scénariste de Piranhas, le film culte de Joe Dante, et s’y entend pour donner à cette série B un caractère tout à fait sympathique. Les séquences allient de belles frayeurs et du fun puisque l’humour répond présent, en même temps qu’un suspense rondement mené. Teague sait parfaitement doser ses effets et créer de l’épouvante partant d’une certitude: les reptiles rampants que sont les alligators déclenchent instantanément la peur des gens, et l’originalité du film se trouve dans les lieux inhabituels où la bête se loge. D’abord dans les égoûts et leur obscurité crasseuse participent à une vraie répulsion du spectateur, puis dans les rues d’une ville plutôt que dans des marécages. Avec une musique aux accords stressants et une caméra subjective, L’Incroyable Alligator tient joliment la route, aidé aussi par des effets spéciaux conservant aujourd’hui encore une certaine gueule!
Avec un petit point de vue écologique en filigrane, le film dénonce les menaces provenant de manipulations pharmaceutiques désastreuses, agissant contre l’environnement et dans le cas ici sur un animal prenant des proportions monstrueuses. Le casting ne comporte aucune star d’envergure ni des acteurs très doués, si ce n’est Robert Forster, un abonné des séries bis et possédant un charme non négligeable, avant d’être redécouvert près de trente ans après par Tarantino ou Lynch! Vous l’aurez compris: ce film de monstre n’a pas à rougir de ses moyens modestes et remplit plus que correctement sa fonction. Il donna lieu à une suite beaucoup plus calamiteuse sur laquelle on peut faire l’impasse! Un conseil donc: accrocrochez vous!!
ANNEE DE PRODUCTION 1980.
