Adversaire acharné de la peine de mort, le rédacteur en chef Austin Spencer décide de monter un coup avec le journaliste et romancier Tom Garrett. Ils fabriquent de toutes pièces des preuves, accusant ce dernier d’un crime défrayant la chronique: le but étant de dénoncer une erreur judiciaire qui aurait pu faire condamner à mort un innocent. Mais les choses ne vont pas se dérouler exactement comme prévu…
Il s’agit du tout dernier film américain de Fritz Lang, et très certainement aussi son dernier immense film tout court. L’auteur exilé de M. Le Maudit connut des déboires et des mésententes graves avec les studios américains, mais avec ce film, il remet définitivement les pendules à l’heure et assoit son génie indiscutable. Sur un scénario diabolique (et tordu) consistant à faire accuser un innocent pour démonter les injustices patentes du système judiciaire, Fritz Lang ne fait aucune concession et signe une oeuvre d’un pessimisme total, noir comme de l’ébène et radical comme il le fut rarement dans sa carrière. La noirceur absolue du script et surtout de son déroulement (que l’on ne dévoilera surtout pas!) étaient audacieuses à cette époque, les productions se devaient d’être lisses, le plus souvent offrir des happy ends parfois factices, et Lang va à l’inverse de ce courant et en cela, son film mérite tous les éloges. Pamphlet contre la peine capitale autant que suspense implacable, l’Invraisemblable Vérité n’en finit pas de révéler ses richesses thématiques et sa réalisation au scalpel atteint son aboutissement, après de grands films noirs comme La Rue Rouge ou La Cinquième Victime. Lang était obsédé par la culpabilité et son cinéma en regorge constamment.
Semblant de plus en plus désabusé sur la nature humaine, Fritz Lang ne laisse aucun espoir poindre dans la nuit, n’ouvre que des portes donnant sur des impasses et surtout semble nous dire que l’homme est finalement toujours coupable de quelque chose. Constat peut être excessif pour certains, mais admirablement mis en place ici et avec une maestria indiscutable. Dana Andrews retrouve son metteur en scène de la Cinquième Victime pour tenir le rôle principal, et il est accompagné par la séduisante (même si un peu froide) Joan Fontaine. Habituée aux univers torturés depuis ses deux collaborations avec Hitchcock, l’actrice n’a aucun mal à faire passer le malaise qu’elle ressent. Attention au coup de théâtre final! Un chef d’oeuvre à voir absolument.
ANNEE DE PRODUCTION 1956.