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L’IVRESSE DU POUVOIR

Chargée de démêler une affaire politique complexe, Jeanne Charmant Kalman, une juge d’instruction pugnace, voit son pouvoir s’accroitre au fur et à mesure qu’elle avance dans son enquête. Au risque de fragiliser sa propre vie privée.

Comme l’annonce un encart, dès le prologue « Toute ressemblance avec des événements et des personnages connus serait fortuite… », Claude Chabrol s’est défendu d’avoir voulu évoquer à sa manière malicieuse et goguenarde la fameuse Affaire Elf qui a éclaboussé certains hauts dirigeants de l’Etat Français à la fin des années 90. Bien sûr, les noms de Loick Le Floch Prigent, Roland Dumas ou Christine Deviers Joncourt ne sont pas utilisés, mais que l’on ne s’y trompe pas, l’auteur de Poulet au Vinaigre relate clairement les dessous de cette affaire d’abus de biens sociaux, de détournement d’argent public, de commissions conséquentes placées dans des paradis fiscaux et ayant échappé au Fisc. Chabrol s’amuse à installer son petit théâtre de moeurs, plaçant une héroïne au centre du récit, une juge d’instruction redoutable (surnommée le Piranhas!) et très librement inspiré d’Eva Joly, usant de tous les coups pour faire flancher des messieurs trop sûrs d’eux et ignorant les règles de déontologie les plus élémentaires. Le scénario se laisse suivre sans déplaisir, pourtant il paraît tellement « programmatique » qu’il finit par ne réserver aucune surprise! Ainsi, le ton constamment ironique que prennent les protagonistes (les accusateurs comme les accusés) enlève du « sérieux » à une intrigue en soi peu passionnante. Le réalisateur entend dénoncer l’inertie bureaucratique et judiciaire tout en animant ce défilé de marionnettes aussi filoutes qu’hypocrites. En tout cas, sa mise en scène ne décolle pas du sol et s’en tient à des faits lus et rabâchées dans la presse.

L’Ivresse du pouvoir se rattrape quand même sur le travail des acteurs. Tout entier construit autour d’Isabelle Huppert (Chabrol la retrouve pour leur 7ème collaboration!), le film lui doit beaucoup évidemment, car l’actrice se fond idéalement dans la peau de cette magistrate obstinée, prête à sacrifier son couple afin de faire couler un système mafieux très bien huilé. En comparaison, ses partenaires masculins se partagent les miettes (certains en se débrouillant mieux que d’autres): Bruel peu crédible en requin sournois, Jean François Balmer dans un numéro plus subtil, et surtout François Berléand parfait en PDG rattrapé par la justice et cassé par son expérience carcérale. Le film reste avant tout une fiction, mais son aspect faussement documentaire raconté avec un sarcasme évident dit bien des choses sur les magouilles politico financières d’hier et d’aujourd’hui.

ANNEE DE PRODUCTION 2006.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Entre un récit balisé et une réalisation trop plan plan, Chabrol ne livre pas le meilleur de lui même. Pas désagréable pour autant, surtout pour son casting, porté par Isabelle Huppert magistrale.

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